"On pourrait croire qu'empathie et désir d'emprise s'opposent. Mais non. D'abord, l'empathie cognitive seule est un formidable outil de manipulation. Et ensuite, on peut développer une forme d'empathie complète pour ses proches et, en même temps, n'en manifester aucune vis-à-vis de certaines catégories de population, par exemple les immigrés. C'est ce que [Martin] Hoffman (1) appelle "le biais de familiarité" (2). On peut à la fois être empathique dans son groupe, et vouloir contrôler et écarter les "étrangers"."
"[...]."
"Les travaux de Paul Bloom (3) illustrent bien le biais de familiarité. Il a montré à des bébés de 7-8 mois des marionnettes aux comportements différents. Les bébés préfèrent majoritairement celles qui viennent en aide à celles qui nuisent aux autres. En revanche, si une des marionnettes est habillée avec le même T-shirt que le bébé, sa préférence va à celle-ci, quel que soit son comportement. Il y a donc une tendance innée à préférer un comportement prosocial à un comportement antisocial, mais aussi une préférence naturelle pour ceux qui nous ressemblent au détriment de ceux qui apparaissent différents de nous. [...]."
Serge Tisseron : Les pièges de l'empathie. Entretien avec Marc Olano in Les Grands dossiers des sciences humaines n° 66, mars-avril-mai 2022 : La manipulation. Les clés pour la comprendre et la désamorcer, pp. 44/45 (4).
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Hoffman
(2) Cf. not. : https://www.toupie.org/Biais/Biais_familiarite.htm
(3) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Paul_Bloom_(psychologist)
(4) Cf. également sur ce site : https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/empathie et https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/populisme