esclavage

"A l'instant où l'esclave décide qu'il ne sera plus esclave, ses chaînes tombent."

Attribué à Gandhi

SOURCE :

Les grandes expressions philosophiques, Hors-série Le Point, nov.-déc. 2017, p. 159.

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"La scène se déroule le 17 mai 1959, au pied de la station de métro Cardinal-Lemoine à Paris. Rayonnante dans son manteau rouge, la jeune Simone Brumant (1) a rendez-vous avec André Schwarz-Bart (2), de dix ans son aîné, en pardessus mal ajusté. L'homme s'apprête à déposer un manuscrit aux éditions du Seuil - Le Dernier des Justes, bientôt couronné du prix Goncourt. En créole, il souligne ses origines guadeloupéennes, et "c'est comme si j'avais rencontré quelqu'un de mon sang", raconte la vieille dame. Dans les veines de l'Antillaise autant que dans celles du Juif coule en efffet la mémoire de l'esclavage, qu'ils n'auront plus de cesse d'interroger et d'entretenir. Ensemble, ils publieront Un plat de  porcs aux bananes vertes. Seule, elle signera l'incontournable Pluie et vent sur Télumée Miracle. Et c'est seule encore que, dans sa maison d'enfance, l'écrivaine retrace leurs deux parcours littéraires. [... ]."

Encadré Télérama d'Aude Dassonneville consacré au documentaire de Camille Clavel : Simone et André Schwarz-Bart, la mémoire en partage (France, 2018, 50 mn). 

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_Schwarz-Bart, https://www.etonnants-voyageurs.com/spip.php?article1748, https://www.franceculture.fr/personne-simone-schwarz-bart.html et https://www.babelio.com/auteur/Simone_Schwarz-Bart/18502

(2) Cf. not. : https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/genocide

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"[...] André Schwarz-Bart signe [...] en 1972 La Mulâtresse Solitude (1), poignante évocation romanesque d'une héroïne qui, née vers 1772, a été pendue en 1802 pour avoir participé à la résistance de Delgrès (2) contre le rétablissement de l'esclavage. [...]."

Extrait de la monographie consacrée à Simone Schwarz-Bart in Le Dictionnaire des Auteurs de tous les temps et de tous les pays, V. Bompiani et Editions Robert Laffont S.A., 1994.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://histoireparlesfemmes.com/2015/12/17/solitude-resistante-guadeloupeenne et http://www.cnmhe.fr/spip.php?article144

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Delgrès et http://www.ladograve.com/histoires/guadeloupe---louis-delgres ; ajoutons ici qu'Anne Hidalgo* a inauguré en 2020 dans le 17e arrondissement de Paris le jardin Solitude, en hommage à celle-ci.

Cf. not. à ce sujet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_Solitude

et https://www.paris.fr/pages/un-jardin-en-hommage-a-la-resistance-contre-l...

* Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Hidalgo et https://www.paris.fr/pages/anne-hidalgo-2252

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"Avant même la guerre de Sécession (1), des hommes de main, sorte de marchands de sommeil de l'époque, kidnappaient des Noirs, libres citoyens américains, et les vendaient dans des Etats esclavagistes. Solomon Northup (2) a réellement existé. Victime d'un piège, il se retrouve balancé d'une plantation à l'autre, selon les revers de fortune de ses divers propriétaires. Son calvaire va durer douze ans, de 1841 à 1853... C'est ce temps immobile que filme Steve McQueen (3), qui observe les ravages du mal sur des esprits dits civilisés. Et à son comédien favori, Michael Fassbender (4), il réserve le rôle le plus soigné, le plus ambigu : un esclavagiste totalement dominé par des pulsions sexuelles qui le poussent à se punir en châtiant l'objet de ses désirs - une jeune esclave noire qu'il adore et détruit. C'est la frustration qui engendre le mal. L'aveuglement sur soi et la haine de l'autre sont indissociablement liés, comme le couteau et la plaie... [...]."

Pierre Murat : encadré Télérama consacré au film de Steve McQueen : 12 Years a Slave (GB/USA, 2013, 2h15m) (6).

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/American_Civil_War et https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Sécession

(2) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Solomon_Northup, https://fr.wikipedia.org/wiki/Solomon_Northup, https://esclavesenamerique.org/auteurs/solomon-northup, https://www.babelio.com/auteur/Solomon-Northup/293442 et https://www.britannica.com/biography/Solomon-Northup

(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Steve_McQueen_(réalisateur)

(4) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Michael_Fassbender et https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Fassbender

(5) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/12_Years_a_Slave_(film) et https://fr.wikipedia.org/wiki/Twelve_Years_a_Slave

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"[...] l'implication de [la France] dans la traite négrière reste mal connue. Les chiffres, pourtant, sont accablants. Entre 1642, date où Louis XIII (1) autorise la traite, et l'abolition de 1848, la France réduit en esclavage 4 millions d'hommes : 1,5 millions de Noirs capturés sur lescôtes africaines et 2,5 millions nés esclaves dans les colonies. Il faut bien le comprendre : l'esclavage n'a pas eu lieu par hasard et n'a pas été un événement périphérique. C'est un épisode central de l'histoire de notre pays, un système voulu et organisé par l'Etat français, notamment à travers sa politique fiscale - chaque esclave importé donnait droit à un abattement d'impôt - et sa législation - qui a transformé peu à peu les Noirs en êtres inférieurs. La France négrière s'est enrichie, a découvert les joies des sucreries tropicales, mais à quel prix ? [...]."

Oublier, disaient-ils : Edito d'Eric Aeschimann (2) et Doan Bui (3) de Esclavage. Une histoire française, Hors-série de L'Obs n° 107 d'avril 2021.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XIII

(2) Cf. not. : https://www.babelio.com/auteur/Eric-Aeschimann/156039 et https://www.franceculture.fr/personne-eric-aeschimann.html

(3) Cf.not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Doan_Buihttps://www.babelio.com/auteur/Doan-Bui/74668 et  https://www.franceculture.fr/personne-doan-bui.html

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Déposition de Marguerite durant le procès de Vivié, planteur en Martinique (1), poursuivi en 1848 pour mauvais traitements contre ses esclaves.

- "Vous êtes née en Guinée (2) ; quel âge aviez-vous quand vous êtes arrivée dans la colonie ?"

- "Je ne sais pas. J'ai eu plusieurs maîtres. M. Vivié m'a acheté sans mon consentement. J'ai refusé de travailler aux cannes. Alors il m'a déchiré ma chemise de batiste (3) et m'a battue de coups de cravache. J'ai deux enfants. J'ai reçu plusieurs fois 29 coups de fouet. Il y a huit ans que je suis chez M. Vivié. J'ai été enchaînée. [...]."

- "Mais vous alliez marronne (4) ?"

- "Oui, je me suis sauvée : il y avait trois jours que j'étais enfermée, avec le même pot de chambre et sans manger."

- "Un jour que vous coupiez des cannes trop doucement, votre maître vous a battue. [...]."

- "Monsieur me battait toujours."

- "Vous étiez enceinte ?"

- "Oui. Je l'ai dit à Monsieur qui m'a assommée de coups de pied. Il n'épargne ni femme enceinte ni nourrice."

- "Assélie se plaignait-elle des coups que lui donnait M. Vivié ?"

- "Oui, elle pleurait toujours. Assélie, ma fille, a été assommée par Monsieur à coups de bâton. Les femmes qui l'on baignée après sa mort ont dit qu'elles avaient trouvé ses reins cassés."

Extrait de Maîtres accusés, esclaves accusateurs. Les procès Gosset et Vivié, Martinique, 1848 (5), de Caroline Oudin-Bastide (6). Cet extrait est cité dans : Esclavage. Une histoire française, Hors-série de L'Obs n° 107 d'avril 2021, p. 98.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Martinique et https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Martinique

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guinée_française

(3) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/batiste et https://fr.wikipedia.org/wiki/Batiste

(4) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marronnage_(esclavage)

(5) Cf. not. : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2018-4-page-192.htm et https://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100917920

(6) Cf. not. : https://www.babelio.com/auteur/Caroline-Oudin-Bastide/242585 et https://www.franceculture.fr/personne-caroline-oudin-bastide

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"Les historiens nous [racontent] comment se déroulaient les courses de chars sous le règne de Domitien (1), autour de l'an 90. L'empereur doit gérer une ville en pleine reconstruction après le grand incendie de 64. Pour que le million d'habitants reste tranquille : du pain et des jeux. Les auriges (conducteurs des chars) (2) doivent prendre un maximum de risques pour divertir les 150 000 (voire 250 000) spectateurs du Circus Maximus (3), et peut-être racheter leur liberté, car ils sont tous esclaves. [...]."

Michel Bezbakh : encadré Télérama consacré au documentaire-fiction de Jens Monath : Du pain et des jeux. Les courses de chars à Rome (GB, 2018, 1h35mn).

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Domitien et https://www.universalis.fr/encyclopedie/titus-flavius-domitianus-domitie...

(2) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/aurige, https://fr.wikipedia.org/wiki/Aurige et https://fr.wikipedia.org/wiki/Aurige_de_Delphes 

(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Circus_Maximus 

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"MORE Thomas (1478-1535) (1). Un des fondateurs du socialisme utopique, humaniste renommé. Né à Londres dans une famille de robe, il fit ses études à l'université d'Oxford (2). Sous Henri VIII (3), il exerça d'importantes fonctions publiques. Accusé de "haute trahison", il fut décapité. Il est l'auteur d'un ouvrage remarquable, paru en 1516 sous le titre : De optimo reipublicae statu, deque nova insula Utopia (4). Dans ce livre, qui date de l'accumulation capitaliste primitive, More critique les rapports capitalistes naissants, montre les souffrances du peuple. [...]."

"Bien que dans son tableau de la société future More ait émis des conjectures géniales, ses conceptions n'en restent pas moins extrêmement primitives et inconsistantes. Ainsi, l'économie en Utopie est fondée sur la production artisanale. L'idée que pour édifier le socialisme on aura besoin d'une technique hautement perfectionnée, est étrangère à More. La satisfaction des besoins des habitants, en Utopie, implique une certaine limitation de ces besoins, notamment en ce qui concerne l'habitation et le vêtement. Ignorant les machines, qui pourraient remplacer l'homme dans les travaux pénibles, More admet l'esclavage en utopie, ce qui viole le principe de l'égalité. [...]."

Petit dictionnaire philosophique, sous la direction de M. Rosentahl et P. Ioudine, Editions en langues étrangères, Moscou, 1955, pp. 410-411.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Thomas_Morehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_More ; https://www.babelio.com/auteur/Thomas-More/3612 ; http://expositions.bnf.fr/utopie/cabinets/rep/bio/2.htm et https://www.franceculture.fr/personne-thomas-more

(2) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/University_of_Oxford et https://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_d%27Oxford

(3) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Henry_VIII ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_VIII ; https://www.pointdevue.fr/histoire/henri-viii-linsatiable-roi-aux-six-ep... ; https://www.geo.fr/voyage/angleterre-les-six-femmes-d-henri-viii-souvera... ; cf. égal. : https://www.cnrtl.fr/definition/anglicanisme ;   https://en.wikipedia.org/wiki/Anglicanism ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Anglicanisme ; https://www.reforme.net/eclairage-vocabulaire/2019/11/14/langlicanisme-u... et https://www.oikoumene.org/fr/church-families/anglican-churches

(4) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/utopiehttps://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Utopiehttps://www.babelio.com/livres/More-LUtopie/1053400 ; https://www.scienceshumaines.com/thomas-more-l-inventeur-del-utopie_fr_4... et https://www.cairn.info/revue-diogene-2005-1-page-50.htm

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"On prétend qu'il n'y a plus d'esclavage... Ah ! Voilà une bonne blague, par exemple... Et les domestiques, que sont-ils donc, sinon des esclaves ?... Esclaves de fait, avec tout ce que l'esclavage comporte de vileté morale, d'inévitable corruption, de révolte engendreuse de haines."

Célestine, la soubrette du Journal d'une femme de chambre, d'Octave Mirbeau (1)

NOTE JMS :

(1) Cf. également : https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/solitude