génocide

A propos du documentaire de Joshua Oppenheimer et Christine Cynn : The Act of killing : l'acte de tuer (Danemark/Norvège, 2012, 120 mn), Mathilde Blottière écrit, dans un encadré Télérama consacré à celui-ci :

"Avez-vous déjà passé deux heures en compagnie de tortionnaires ? L'expérience, descente sans filet dans les bas-fonds de l'âme humaine, est du genre extrême. Octobre 1965 : l'armée prend le pouvoir à Jakarta. Pendant plus d'un an, la junte tue les membres et les sympathisants du Parti communiste local. Entre cinq cent mille et un million de personnes, selon les estimations."

"Pour raconter ce génocide oublié, le documentariste américain Joshua Oppenheimer, jeune diplômé de Harvard, s'est d'abord tourné vers les rares survivants, qui refusent de parler. Trop dangereux. Il part alors à la rencontre des tueurs eux-mêmes : une poignée de mafieux toujours bien en cour dans l'Indonésie d'aujourd'hui. Il leur propose de rejouer leurs crimes dans des mises en scène de leur choix."

"Au dépouillement des scènes de torture répondent d'extravagantes séquences musicales - sommet de bouffonnerie exotique - où des danseuses emplumées se dandinent sur fond de jungle luxuriante. Très dérangeante, cette collision entre le réel et la fiction ne stylise pas l'horreur. Elle en révèle au contraire la face la plus crue, en donnant accès au point de vue des assassins et à leur sentiment d'impunité. En les laissant recourir au sensationnalisme, Joshua Oppenheimer vise finalement le même but que Rithy Panh optant pour l'épure dans S21, la machine de mort khmère rouge : faire remonter le massacre des profondeurs de l'Histoire. Comme de la bile. Voir The Act of killing est une entreprise à risque. Celle de désespérer du genre humain. En septembre dernier est sorti le non moins perturbant The Look of silence. Joshua Oppenheimer y accompagne cette fois le frère d'une des victimes, qui décide, au péril de sa vie, de demander des comptes au bourreau..."

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"SCHWARTZ-BART André (1). Ecrivain français d'origine polonaise. Né à Metz en 1928. Son père a fait des études rabbiniques en Pologne puis s'est installé à Metz. Une partie de sa famille périt dans les camps nazis. Dès 1943, il entre dans la Résistance. Il est arrêté mais parvient à s'évader. A la Libération, il exerce son métier d'ajusteur aux environs de Paris, puis passe son baccalauréat en 1948. Tout en étant manoeuvre à mi-temps, il décide d'écrire. Le Dernier des justes (2) paraît en 1959 et obtient le prix Goncourt. Inspiré par le génocide du peuple juif, ce roman retrace le martyre d'Ernie Lévy, "mort six millions de fois". En 1967, il écrit un roman en collaboration avec son épouse guadeloupéenne Simone Schwartz-Bart, Un plat de porc aux bananes vertes. La Mûlatresse solitude, parue en 1972, est un chant de révolte suscité par la condition antillaise."

Monographie de Christine de Clinchamps parue dans Le Nouveau Dictionnaire des Auteurs de tous les temps et de tous les pays, V. Bompiani et Editions Robert Laffont S.A., 1994.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Schwartz-Bart ; http://judaisme.sdv.fr/perso/schwbart/schwbart.htm ; 

https://www.babelio.com/auteur/Andre-Schwartz-Bart/13751/citations et https://dicocitations.lemonde.fr/auteur/7348/Andre_Schwartz_Bart/10.php

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dernier_des_Justes