fantôme

"L'inexistence, l'irréalité, la transparence, les ombres, les spectres sont des thèmes récurrents de l'oeuvre de Jean Genet. Son théâtre est un théâtre d'ombres, ses romans ont pour personnages des figures réduites à leur image, et tant dans son Journal du voleur que dans Un captif amoureux, il fait entendre une voix venue du monde des morts, à l'instar de celle des ParaventsPompes funèbres était déjà écrit comme un immense fantasme venu d'un film entrevu sur un écran. Ce sentiment constant que Jean Genet avait d'être un fantôme dans un univers qui l'avait rejeté à sa naissance, il le nourrira par tout un système littéraire de l'immatériel, de l'abstrait [...]. C'est la nuit qui révèle le jour, c'est la mort qui révèle la vie, c'est l'ombre qui révèle la matière, c'est le théâtre qui révèle le réel, c'est le spectre qui révèle le corps. [...] des Carolines de Barcelone, les travestis, il écrit dans Journal du voleur : "Toutes étaient mortes. Ce que nous voyions se promener dans la rue, étaient des Ombres retranchées du monde." Mais c'est avant tout le narrateur, l'écrivain en train d'écrire, qui est un mort qui nous parle à partir de son royaume de fantômes : "Aussi agile que je pus l'être, ou plutôt que le devinrent les transports - avions, trains, bateaux, voitures, hélicoptères - et facilement découvert l'argent des voyages, à l'intérieur de moi reposait le mort que j'étais depuis longtemps."

René de Ceccaty in hors-série du journal Le Monde d'avril-mai 2016 : Jean Genet, un écrivain sous haute surveillance, lexique au mot "fantôme", pp. 112-113 (1).

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/fantômehttps://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/fantome ;

https://fr.wiktionary.org/wiki/fantôme et https://fr.wikipedia.org/wiki/Fantôme ;

voir également sur ce site : https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/idole