Israël

Dans l'encadré Télérama consacré au documentaire Vendeurs de guerre, de Yotam Feldman (France/Belgique, 2013, 50 mn), Emmanuelle Skyvington écrit ceci :

"Quatrième exportateur d'armes de guerre (1), Israël développe dans le monde entier ce marché extrêmement porteur (avec un chiffre d'affaires de 7 milliards de dollars en 2013). Ses techniques ont séduit, par exemple, les forces de l'ordre brésiliennes qui ont ainsi "nettoyé" les favelas de Rio des trafiquants de drogue. [...] cette réussite économique repose sur un argument choc des Israéliens : "Les armes que nous vendons ont été testées. Elles ont toutes fait la preuve de leur efficacité sur le terrain", faisant chuter la courbe de leurs propres morts. En 2008, lors de l'opération "Plomb durci", la plus importante jamais menée à Gaza, mille deux cents Palestiniens ont été tués, contre douze soldats israéliens."

"Caméra à la main, [...] le réalisateur Yotam Feldman a rencontré les principaux protagonistes de l'industrie militaire israélienne, tous acteurs (décomplexés) de premier plan dans la lutte contre Gaza et la Cisjordanie -  d'Amos Golan, inventeur du Corner Shot, fusil d'assaut permettant de tirer à angle droit (2), au consultant Leo Gleser, fondateur de la société de sécurité ISDS (3). [...]."

NOTES JMS :

(1) Mais selon le classement des plus grands exportateurs d'armes au monde (2013) du Stockholm international Peace Research Institute (Institut international de Recherche sur la Paix de Stockholm), Israël arrive en huitième position.

(2) Le Corner Shot a été précédé :

A. par le fusil périscope, adapté du fusil Lebel, et distribué aux soldats français à partir de 1915 (Libé du 18 oct. 2014, article de Marc Quattrociocchi).

B. par le système appliqué au Stg 44 [Sturmgewehr 44 (fusil d'assaut)]*, accessoire expérimental qui devait théoriquement permettre de "tirer dans les coins" en déviant la balle de 30 degrés" (mais les balles sortaient déformées, déchirées, voire cassées). Seuls 500 exemplaires furent livrés.

* Ce fusil d'assaut fut développé en 1942 par le IIIe Reich pour la Seconde Guerre mondiale. Il servit de modèle pour la Kalachnikov (produit à partir de 1947).

(3) International Security & Defence Systems. 

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Dans l'encadré Télérama consacré au documentaire Au nom du Temple, de Charles Enderlin et Dan Setton (France, 2015, 65 mn), Vincent Remy écrit ceci :

"[...]. En 1967, le général Moshe Dayan, héros de la guerre des Six-Jours, a senti le danger : pas question de s'installer sur l'esplanade des Mosquées, où les musulmans prient depuis mille trois cent ans, les juifs se contenteront du mur des Lamentations. Mais une vision messianique du sionisme a déjà pris corps à Jérusalem, propagée par le grand rabbin HaCohen Kook et son fils Yéhuda, dont les élèves vont créer  le Gush Emunim (Le Bloc de la foi), fer de lance de la colonisation en Cisjordanie (Judée-Samarie de la Bible)."

"Le succès des colons religieux n'aurait pas été possible, montre Enderlin, sans le soutien des leaders de la droite nationaliste, Begin, Sharon et Netanyahou. Aux crimes des premiers (massacre à Hébron, meurtre de Rabin...) répondent les provocations des seconds (Sharon sur l'esplanade des Mosquées, Netanyahou et l'affaire du tunnel), le tout favorisant la montée du Hamas et du terrorisme palestinien. L'historien Zeev Sternhell parle d'un "cancer que nous avons refusé de voir". Aujourd'hui, comme le dit un responsable triomphant des "implantations", "la solution à deux Etats n'existe plus". Des illuminés ont déjà les plans, ainsi qu'un musée des ustensiles du Temple, et ils cherchent une vache rousse dont les cendres purifieront les prêtres. Ils sont certes minoritaires. Mais un sondage révèle que 51 % de la population israélienne croit que le Messie viendra. La politique parviendra-t-elle à prendre le pas sur le religieux ?"

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"[...]. Je pense que, parmi les caractéristiques fondamentales de l'humour juif, c'est le fait d'être un petit peu à la marge, d'être sur le côté, de pas être au centre du pouvoir. C'est l'expérience de la diaspora juive (1), euh, depuis des millénaires."

"Si on essaie de parler de l'humour israélien, y'a pas beaucoup d'exemples qui viennent en tête, euh, donc, en fin de compte, peut-être qu'Israël fait que, ben, les Juifs aient eu leur Etat, leur pouvoir, leur armée, qui soient non plus du côté de la minorité mais de celui de la majorité, euh, fait que ça éteint un peu une partie des enjeux de ce à quoi sert l'humour."

Jul (2)

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Diaspora_juive ; http://www.cosmovisions.com/ChronoDiaspora.htm 

et https://www.cairn.info/revue-transversalites-2011-3-page-25.htm

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jul_(auteur) et https://www.franceculture.fr/personne-jul

SOURCE :

Jasha Hannover : L'Humour juif (All., 2021, 2 x 52 mn). Deuxième partie : Du rire aux larmes.

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"Un séjour en Israël en 1965, donc avant la guerre des Six-Jours (1), me fit découvrir la haine entre Juifs et Arabes. [...]. Puis la domination d'Israël sur le peuple arabe de Palestine m'impliqua à nouveau comme Juif, mais en tant qu'un des derniers intellectuels juifs porteur d'universalisme et anticoloniaux, donc hostile à la colonisation de la Palestine arabe. Les articles que j'écrivis à l'époque dans Le Monde, où je ne contestais nullement l'existence d'Israël, me valurent d'être traité de traître, voire d'antisémite."

"[...]."

"J'ai en revanche critiqué l'action répressive de l'armée ou de la police israéliennes sur les Palestiniens, et j'ai reconnu le droit à ces derniers à un Etat national, conformément aux résolutions de l'ONU et aux défunts accords d'Oslo (2). Mon vrai souhait aurait été celui de Martin Buber (3) d'une nation commune aux Juifs et aux Arabes."

"Je sais par expérience historique et vécue qu'un peuple qui en colonise un autre tend à le mépriser. Mais l'on trouve souvent, parmi le peuple colonisateur, une minorité compatissante et secourable, ce qui est le cas ici." 

Edgar Morin : Leçons d'un siècle de vie, Denoël, 2021, chap. I, L'identité une et multiple, pp. 14-15.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Six_Jours ; https://www.universalis.fr/encyclopedie/guerre-de-six-jours

et https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire...

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_d'Oslo 

et https://www.institutmontaigne.org/blog/25-ans-plus-tard-les-espoirs-enterres-des-accords-doslo

(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Buber ; https://www.babelio.com/auteur/Martin-Buber/19491 ; 

https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2016-1-page-35.htm et https://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/societe-ou-communaute

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"Qu'est-ce qui nous définit ? Notre langue ? Nos ennemis ? Yoav ne cesse de buter contre ces interrogations. Il a fui sa patrie, Israël, "répugnante, fétide, abominable...", et s'est réfugié à Paris [...]."

Anne Dessuant : encadré Télérama consacré au film de Nadav Lapid (1) : Synonymes (France/Israël/Allemagne, 2019, 2h00mn) (2). 

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nadav_Lapid ; https://www.franceculture.fr/personne-nadav-lapid.html 

et https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-culture/nadav-lapid-libre-et-debout

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Synonymes_(film) et https://www.rayonvertcinema.org/synonymes-nadav-lapid

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"[...]. [Ce documentaire] est consacré à l'installation de colonies israéliennes en Cisjordanie (1). Une implacable expansion qui passe par la construction d'axes routiers, viaducs ou tunnels entre Jérusalem et Tel-Aviv (2). Ces chantiers racontent aussi le rapport de force entre ceux qui y travaillent (en majorité des Palestiniens) et ceux qui en bénéficieront. Ils soulignent aussi, prosaïquement, l'explosion démographique d'Israël en quête perpétuelle de nouveaux terrains (3). Une réalité qui en heurte une autre et alimente encore et toujours un conflit inextricable. Quelques-uns veulent saisir l'occasion pour tenter de prôner un vivre-ensemble (4), bien illusoire [...], comme le raconte cette [...] enquête nourrie de multiples témoignages."

Etienne Labrunie : encadré Télérama consacré au documentaire de Stéphane Amar : Israël : les routes de l'annexion (France, 2021, 25 mn).

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cisjordanie

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tel_Aviv-Jaffa

(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Démographie_d'Israël ; 

https://www.areion24.news/2021/03/18/israel-au-prisme-des-changements-demographiques 

et https://www.terresainte.net/2021/06/dici-2050-la-population-disrael-aura-double

(4) Cf. : https://www.cairn.info/revue-humanisme-2014-2-page-14.htm

et https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-journal-de-la-philo/le-vivre-ensemble-4305414

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"A Paris comme à Jérusalem, toutes les semaines, les femmes en noir manifestent. Israéliennes et Palestiniennes, elles se réunissent en silence. [...]. Né en 1987 après la première Intifada (1), ce mouvement réclame la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967 (2). "Mon coeur et ma raison, ça fait deux, dit une Palestinienne, même si ma raison l'emporte. Il faut démanteler les colonies, créer deux Etats souverains. Ariel Sharon (3) détruit la Palestine, mais il casse aussi la société israélienne." "Ce qui nous réunit, précise une Israélienne, c'est que nous sommes contre la politique menée par mon pays. Moi, mes parents sont morts à Auschwitz (4). Je me souviens qu'enfant, ma mère me demandait de respecter l'autre. Elle me disait "comment peut-on parler des Arabes, on ne les connaît pas ?!" "Personnellement, je veux qu'on arrête de les faire souffrir."  [...] une Palestinienne installée en France explique qu'elle téléphone régulièrement à ses cousins de Ramallah (5). Ils lui racontent que "les soldats rentrent dans toutes les maisons, ils volent l'argent, la nourriture et les bijoux, ils cassent tout. Depuis une semaine, ils y prennent même leur douche. Quelle humiliation ! On ne le dit pas. Comme on ne dit pas que juifs et musulmans manifestent ensemble". [...]. [Les femmes en noir] ne supportent pas que les journalistes évoquent ce conflit par le prisme de la religion. Elles rêvent d'un Etat biculturel. Elles rêvent de vivre enfin en paix."

Anne-Marie Gustave : encadré Télérama (n° 2730 du mercredi 7 mai 2002, p. 163) consacré à l'émission de France Inter : Ecoutez... des anges passent, émission intitulée En noir contre Sharon et diffusée le vendredi 9 mai 2002 à 20.00.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Intifada ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Première_intifada ; 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_intifada ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_de_la_Seconde_Intifada

et https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2001-2-page-11.htm

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_verte_(Israël) ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Frontières_d'Israël

et https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2004-4-page-131.htm

(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ariel_Sharon et https://www.babelio.com/auteur/Ariel-Sharon/250376

(4) Cf. not. : https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/auschwitz

(5) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ramallah ; https://www.reseau-euromed.org/fr/ville-membre/ramallah

et https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2013-3-page-43.htm

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"[...]. Le monde a une relation pathologique avec Israël, construite avec beaucoup de culpabilité, qui s'explique en grande partie par l'incapacité à avoir empêché l'Holocauste (1). Si l'on y ajoute la croyance qu'Israël constitue pour l'Occident une tour de guet au Moyen-Orient, tout cela fait qu'Israël peut s'en tirer en violant systématiquement le droit international (2) et en empêchant les Palestiniens d'exercer leur droit à l'autodétermination depuis des décennies. C'est un immense échec. Celui de la promesse de la communauté internationale, après la Seconde Guerre mondiale, de s'assurer que les populations du monde entier soient en sécurité et que leurs droits fondamentaux soient garantis."

Michael Sfard, avocat israélien (3)

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://museeholocauste.ca/fr/histoire-holocauste

(2)  A ce propos, lu dans le journal Le Monde du vendredi 17 novembre 2023, p. 2 :

 "En marge d'une visite d'Etat en Suisse, Emmanuel Macron a affirmé, mercredi 15 novembre à Berne, défendre une position "équilibrée", qui n'a "jamais varié", après s'être vu reprocher un manque de clarté sur le conflit entre Israël et le Hamas *. "Nous reconnaissons le droit d'Israël de se défendre et de lutter contre le terrorisme, mais parce qu'Israël est une démocratie (...) ce droit à se défendre doit s'inscrire dans le cadre du droit international humanitaire et en respectant les règles de la guerre", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Alors ça ne fait peut-être pas plaisir aux uns et aux autres, mais ce sera la position de la France", a-t-ilnsisté [...]."

* Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hamas

(3) In entretien de celui-ci avec Weronika Zarachowicz pour le Télérama 3854 du 22 novembre 2023, p. 38.

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"Depuis maintenant quinze ans, je documente les frontières d'Israël, j'ai vu à quel point la réalité était loin du rêve des fondateurs. Comment des gens qui ont connu des ghettos ont érigé eux-mêmes des murs et des clôtures, en s'y enfermant, volontairement. J'ai vu comment sur ce morceau de terre, deux nations se sont heurtées de plein fouet." Le ton d'Israël : Borderlines, du photographe et réalisateur d'origine russe Edward Kaprov, est donné. Il sera personnel, narratif, philosophique, désabusé. [...]."

"Arrivé en Israël au lendemain de l'éclatement de l'URSS, le réalisateur se méfie de tous les "ismes" : communisme ou sionisme, à quoi ont-ils mené ? A la guerre, in fine. A son absurdité. "Dont, comme d'habitude, les simples gens font les frais." [...]."

Lorraine Rossignol : encadré Télérama consacré au reportage d'Edward Kaprov : Israël : Borderlines (France, 2024, 55 mn). 

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"[Ce documentaire, c'est] la fresque échevelée du siècle dernier, de la guerre froide, des idéaux antifascistes et révolutionnaires d'une jeunesse. Juif polonais, le jeune étudiant en médecine s'engage dans l'Armée rouge pour fuir la Shoah (1). Après un mystérieux séjour de quelques années en Suède, le voilà qui rejoint la Palestine en 1948, au moment de la création d'Israël. Le pays recrute alors frénétiquement des scientifiques "capables de soigner et de tuer en masse". Il prend la tête de l'institut de recherches en charge du programme secret d'armes bactériologiques de l'Etat hébreu. A l'insu de tous, sous sa couverture de fidèle pilier du régime, il livre le fruit des recherches biologiques et chimiques d'Israël à l'URSS. Il faudra attendre 1983 pour qu'il soit arrêté [...], incarcéré sous une fausse identité [...]."

"[...]. Au nom de quoi Marcus Klingberg (2) a-t-il "trahi" ? Peut-on apparenter son action à de l'objection de conscience face aux choix stratégiques et militaires d'Israël ? A de la loyauté à ses idéaux ? Son parcours et ses choix esquissent en creux le portrait d'une époque, ses engagements fougueux, ses renoncements, ses batailles idéologiques et ses désillusions."

Marie Cailletet : encadré Télérama consacré au documentaire de Rémi Lainé et Yaël Vidan : Marcus Klingberg, un pur espion (Fr, 2022, 1h15mn) (3).

NOTES JMS :

(1) Cf. not. sur ce site : https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/shoah

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcus_Klingberg

(3) Cf. not. : https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/67198_0