Hiram | Jean Marie Sauvage

"HIRAM (1) Selon la Bible, l'orfèvre phénicien qui fondit pour le temple de Salomon (2) les vases et les ornements. C'est aussi un personnage-clé de la franc-maçonnerie. La cérémonie d'initiation au troisième grade (celui de maître) y mime la passion de "Maître Hiram", sa mort et la recherche de son tombeau, en se basant sur sa légende, véhiculée à travers les temps, parallèlement à la Bible, par les Druzes du Liban (3) et par l'ésotérisme musulman [c'est-à-dire celui des derviches (4)]. Elle fut transmise aux francs-maçons occidentaux qui oeuvraient en Orient, lors des Croisades (5), ou aux Templiers (6). Gérard de Nerval (7) recueillit à son tour la précieuse légende en Orient. Hiram y apparaît comme le maître des arts du feu (maître fondeur). Son chef d'oeuvre sera la "mer d'airain" (8), vase énorme, coulé d'une pièce, avec 30 coudées (9) de circonférence et 5 de profondeur. Elle figurera dans le temple comme un coeur mystique, comme l'équivalent d'une rose de cathédrale. Par malheur, Hiram va s'attirer la jalousie du roi ; d'abord à cause de la reine de Saba (10), aimée de Salomon et qui s'éprend du maître artisan ; ensuite, à cause de son ascendant sur les masses ouvrières... Pourtant, c'est de cette masse et non de la rancoeur royale que surgira la trahison. Trois compagnons infidèles, auxquels Hiram refusait l'accès au grade de maître (pour incapacité), l'assassinent dans le temple et enfouissent à la hâte son corps dans la campagne. Sur la tombe improvisée, les trois gredins ont plantés une tige d'acacia (11). De là, l'importance de l'acacia, chez les Druzes (12) ; toute maison importante contient en son jardin un acacia d'ancienneté vénérable. C'est ce replant qui trahira aux compagnons fidèles l'emplacement du tombeau. Ils vengeront ensuite le maître. Gérard de Nerval ajoute que la reine de Saba s'était secrètement mariée avec Hiram et qu'elle avait regagné enceinte ses Etats d'Arabie. Cette version inquiète les Abyssins (13) ; une croyance populaire veut, chez eux, que leur aristocratie descende du roi Salomon lui-même, par la reine de Saba. En revanche, les francs-maçons se donnent la qualification de "fils de la veuve", par allusion à Maître Hiram, dont ils se veulent les fils spirituels."

Jean-Louis Bernard : Les Archives de l'insolite, Ed. du Dauphin, 1971 ; rééd. Le Livre de Poche n° 6803, 1978, 477 p.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiram_(artisan) ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Légende_d'Hiram

et https://www.cairn.info/revue-humanisme-2016-2-page-113.htm

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_de_Salomon ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_de_Jérusalem ;

http://bible.archeologie.free.fr/templejerusalem.html ; https://www.universalis.fr/encyclopedie/temple-de-jerusalem

et http://www.cosmovisions.com/monuJerusalem-Temple.htm

(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Druzes ; https://www.la-croix.com/Religion/Islam/sont-druzes-2018-08-14-1200961705

et https://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2004-2-page-55.htm

(4) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/derviche ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Derviche

et https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_mevlevi

(5) Cf. not. : https://fr.wikipedia.fr/wiki/Croisades et https://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2008-3-page-603.htm