erreur | Jean Marie Sauvage

"On estime, chaque année, en France, à 400 000 le nombre d'erreurs médicales, entraînant 50 000 décès. Un médecin a osé briser le tabou. Le professeur Eric Vibert, spécialiste des maladies du foie, reconnaît que celle qu'il a lui-même commise à bouleversé la vie de sa patiente... mais aussi la sienne : "Imaginer une carrière entière sans erreur médicale, c'est tout simplement impossible." Il en a fait un livre en 2021, Droit à l'erreur, devoir de transparence (éd. de l'Observatoire) (1), qui n'a pas été bien reçu par ses pairs, et travaille désormais à une réflexion pour améliorer les outils et les gestes au blog opératoire."

"Nathalie, épileptique, a pris de la Dépakine (2) pendant sa grossesse sans savoir que ce médicament aurait des conséquences sur le développement neurologique de son enfant. Avec d'autres mères françaises, elle attaque le laboratoire Sanofi (3), estimant qu'il connaissait les risques qu'il faisait courir aux patientes. L'instruction est en cours. Le chirurgien de Nadia a cassé une pince en l'opérant pour une sciatique, laissant un morceau de fer de 2 centimètres dans le corps de cette femme, désormais handicapée. Comme Loubna, victime d'une sage-femme qui a pratiqué un geste interdit par la Haute Autorité de santé pendant son accouchement. Enfin, Chris, danseur professionnel, n'a su qu'il souffrait d'une fibromyalgie (4) qu'après des années d'errance médicale, faute d'avoir été écouté."

"Ce [documentaire met] en évidence une attitude de déni (5) du corps médical qui mérite d'être pleinement débattue."

Marie-Joëlle Gros : encadré Télérama consacré au documentaire d'Olivier Delacroix et Julie Ledru : Erreurs et violences médicales : la vie après (France, 2023, 1h30mn), de la série Dans les yeux d'Olivier (6).

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://www.babelio.com/livres/Vibert-Droit-a-lerreur-devoir-de-transpar...

(2) Cf. not. : https://www.vidal.fr/medicaments/gammes/depakine-2602.html ;

https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_de_la_Dépakine ; https://www.senat.fr/rap/r21-904/r21-9041.html

et https://www.radiofrance.fr/franceinter/scandale-de-la-depakine-la-justic...

(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanofi et https://www.sanofi.com/fr

(4) Cf. not. : https://www.vidal.fr/maladies/douleurs-fievres/fibromyalgie.html

(5) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Déni_(psychanalyse)

(6) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dans_les_yeux_d'Olivier

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"[...]. Le problème avec les maîtres, c'est qu'à les entendre ils ne se trompent jamais. L'erreur ne leur est pas permise. Alors quand ils en commettent malgré tout, ils préfèrent les dissimuler. Au mieux, ils les corrigent dans leur coin. Et qu'arrive-t-il alors aux élèves [...] ? Le problème avec l'élève, c'est qu'il se trompe tout le temps, ce qui est inenvisageable en chirurgie. Alors, à la première bourde, on le dégage du circuit. La promotion au rang de chirurgien devient ainsi autant affaire de perfection que de dissimulation."

"[...]. Comment [dès lors] s'assurer qu'une erreur en début de carrière ne vous raye pas toute possibilité de devenir chirurgien ? [Et] comment parvenir à modifier suffisamment les consciences et les administrations pour que l'accès au titre de professeur ne soit plus si corseté, si lié à l'âge et à la fréquentation des bons cercles, des bons maîtres ? [...]."

Pr. Eric Vibert : Droit à l'erreur, devoir de transparence, Editions de l'Observatoire, fév. 2021, chap. I : Les barrières structurelles : adrénaline et mandarinat, 2ème partie : Ni dieu ni maître : pour la révolution en chirurgie, pp. 51/52.

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"[...] je voudrais ici aller plus loin que l'évidence pour analyser les ressorts psychologiques du chirurgien qui, outre sa volonté générale de soigner, d'aider, d'agir pour le bien en accord avec toute morale généreuse, comportent une part de satisfaction égoïste, de désir de soi, de volonté d'accomplissement. Il va sans dire que tout cela ne doit pas être le bénéfice primaire de l'opération, qui demeure la santé du malade. Mais il serait contreproductif d'ignorer cette part très humaine du métier. D'autant qu'elle m'intéresse ici tout particulièrement dans le rapport à l'erreur qu'elle implique : reconnaître son erreur est pour certains problématique, alors que cela devrait se faire sans problème et même naturellement si la seule santé du malade était considérée ; or ce n'est pas le cas. Je crois que cette dimension flatteuse, égoïste et fondée sur la reconnaissance des pairs et de l'institution du métier de chirurgien explique en partie pourquoi l'erreur est si mal considérée, et surtout si mal utilisée. Comment se flatter l'ego quand on a eu tort ?"

"Voici nos deux premiers éléments de réflexion concernant le rapport à l'erreur en chirurgie : premièrement, l'erreur n'y est pas considérée comme un moyen d'apprentissage. Dès lors qu'on tient un bistouri, on ne devrait plus faire d'erreur et le système magique du mandarinat est censé aboutir à cette perfection grâce àla relation maître-élève, à la transmission de toutes les bonnes pratiques qui seront appliquées sans réflexion. Deuxièmement, le chirurgien, même s'il garde en tête la santé du malade, considère l'erreur comme un échec personnel, une tache sur son ego qu'il convient d'effacer au plus vite, plutôt que comme un moyen de progresser, une situation à disséquer et analyser en commun."

Idem réf. de l'entrée ci-dessus, pp. 56/57.

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"Que ce soit avant ou après la chirurgie, les erreurs sont dans l'immense majorité des cas la conséquence de biais cognitifs (1). Un biais cognitif est une déviation systématique de la pensée rationnelle par rapport à la réalité. Initialement, c'est un concept qui a été décrit par des psychologues dans les années 1970 pour expliquer des décisions irrationnelles dans le domaine de l'économie. Cette mauvaise interprétation de la réalité s'exprime dans des situations où la pensée intuitive est aux commandes, par manque de temps ou d'informations. [...]."

Idem réf. de l'entrée ci-dessus, chap. II : De l'erreur et de sa nécessité, 6ème partie : Les biais cognitifs, pp. 98/99.

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/biais-cognitif ; https://fr.wiktionary.org/wiki/biais_cognitif ;

https://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_cognitif ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikipédia:Livres/Biais_cognitifs ;

https://fr.wikipedia.org/wiki/Atténuation_des_biais_cognitifs ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_cognitif_chez_les_animaux ;

https://www.toupie.org/Biais/Biais_cognitif.htm ; https://tcc.apprendre-la-psychologie.fr/biais-cognitifs.html ;

https://www.psychomedia.qc.ca/psychologie/biais-cognitifs ; https://skillsday.com/ressources/biais-cognitif-definition ;

https://actualites.uqam.ca/2021/reconnaitre-biais-cognitifs-pour-mieux-c...

et https://www.psychologue.net/articles/les-12-biais-cognitifs-les-plus-cou...

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"[...]."

"En ne se militant ni à la tragédie ni à la colère, le film explore les différentes approches d'un pays à l'autre. En France, la "loi Kouchner" de 2002 sur les droits des malades (1) a notamment donné naissance à l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (2), qui permets à quelques-uns de bénéficier d'une indemnisation. Mais c'est au Danemark qu'une solution tout à fait différente a été imaginée. Depuis trente ans, le contentieux n'a plus cours. Une agence consacrée à la sécurité des patients est financée par l'impôt. Non seulement l'indemnisation y est plus aisée, mais elle est décorrélée de toute mesure disciplinaire. L'approche n'est pas punitive, mais éducative : chaque erreur est recensée, anonymisée et analysée pour servir à la formation. Cette tranparence bénéficie à la relation patients-médecins, en la rendant plus équilibrée, plus humaine."

Marie-Joëlle Gros : encadré Télérama consacré au documentaire de Meike Hemschemeier : Erreurs médicales : le combat des victimes (All, 2024, 55mn) (3).

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_relative_aux_droits_des_malades_et_à_la_qualité_du_système_de_santé

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Office_national_d'indemnisation_des_accidents_médicaux

(3) Cf. not. : https://de.wikipedia.org/wiki/Meike_Hemschemeier

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"Il ne suffit pas de dire : Je me suis trompé ; il faut dire comment on s'est trompé."

Claude Bernard (1) : Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (2)

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bernard ; https://www.babelio.com/auteur/Claude-Bernard/52701 ;

https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/claude-bernard et https://books.openedition.org/mnhn/1744?lang=fr

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Médecine_expérimentale ;

https://www.babelio.com/livres/Bernard-Introduction-a-letude-de-la-medec...

et https://www.academie-sciences.fr/archivage_site/activite/hds/textes/pse_...

SOURCE :

https://www.dicocitations.com/citations/citation-2169.php

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"Chaque temps à sa somme d'erreurs et de vérités."

Claude Bernard : Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1)

NOTE JMS :

(1) Pour plus d'informations sur ce livre et son auteur, cf. sur ce site : https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/contremaître

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"[...]. Si l'erreur est humaine, la faute est inhumaine au sens où elle aurait pu ne pas advenir, et qu'elle résulte souvent d'un aveuglement vis-à-vis des enseignements de l'erreur. [...]."

Cynthia Fleury (1), préface au livre précité du Pr. Eric Gibert, p. 12.

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cynthia_Fleury ; https://www.babelio.com/auteur/Cynthia-Fleury/92363 ;

https://chaire-philo.fr/cynthia-fleury et https://www.radiofrance.fr/personnes/cynthia-fleury

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"Il faut se battre pour essayer de ne pas répéter nos erreurs, elles sont faciles à retenir mais on les répète toujours."

Jean-Claude Van Damme

SOURCE :

https://citation-celebre.leparisien.fr/auteur/jean-claude-van-damme

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"Comme on se trompe, chaque jour, sur tout le monde."

Jeanne Le Perthuis des Vauds (1)

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Une_vie_(Maupassant)#Jeanne-Le_Perthuis_des_Vauds

et https://gallica.bnf.fr/essentiels/maupassant/vie/reve-amour-jeanne

SOURCE :

Marine Landrot : encadré Télérama consacré au documentaire de François Busnel et Adrien Soland : Maupassant (France, 2024, 1h30mn).