"DAÏMON DE SOCRATE Génie familier qui hanta Socrate, = son guide, sa divinité tutélaire (1). Le philosophe connaissait sa nature et, pour cette raison, lui obéit toujours strictement, même quand le daïmon lui conseilla d'accepter le jugement inique qui le condamnait à mort. Ce génie dont la voix intérieure s'exprimait par ultra-sons (2), correspondait vraisemblablement au propre double de Socrate. Cela revient à dire qu'il fut, parmi les Grecs, le dernier à communiquer sans artifice avec ce moi parallèle. En élargissant les zones endormies du cerveau, l'évolution régressive a rompu des connections, celles-ci liées à des glandes endocrines (3) qui n'accomplissent plus leur cycle de croissance complet. Les Egyptiens percevaient encore la vie fascinante de leur double. Socrate comprit le drame qui résultait de cette mutation négative : il ne serait plus possible de cerner Dieu et les dieux par l'expérience directe de l'initiation, et les sociétés secrètes à mystères allaient péricliter. Sans la collaboration du double, porte du surréel, toute démarche en ce sens serait vaine ! Restait la solution intellectuelle, c'est-à-dire la philosophie qui, elle, cernerait le divin par l'analyse et la déduction. Socrate se fit donc le philosophe par excellence, ouvrant ainsi le cycle moderne de la connaissance."
Jean-Louis Bernard : Les Archives de l'insolite, Ed. du Dauphin, 1971 ; rééd. Le Livre de Poche n° 6803, 1978, 477 p.
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/tutelaire
(2) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/ultrason et https://fr.wikipedia.org/wiki/Ultrason
(3) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/endocrine et https://fr.wikipedia.org/wiki/Glande_endocrine