Papon

"[...] Il s'agit [...] ici de faire un brève inventaire de la France collaborationniste, notamment dans les sphères de l'administration et de la haute fonction publique, où les petits et les grands Papon furent nombreux. Et qui, pour la plupart, agirent en toute bonne conscience, passant du service de la République à celui de l'Etat français sans trouble aucun. De même que les Français furent, par soulagement et d'un même élan, majoritairement pétainistes puis gaullistes, la bonne bourgeoisie bordelaise, par exemple. Ce que l'on ne comprend pas, [...], c'est l'impunité dont bénéficièrent, la paix revenue, beaucoup de ces hauts fonctionnaires, même si l'on nous explique que, dans la police ou la magistrature, joua la solidarité des grands corps de l'Etat et que ces proscrits étaient indispensables pour remettre la France en marche. On comprend encore moins qu'un Maurice Papon (1) ait pu, après la guerre, faire une si brillante carrière, jusqu'à être ministre du Budget sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. En vérité, si Le Canard enchaîné n'avait pas mis les pieds dans le plat entre les deux tours de l'élection présidentielle de 1981, Papon aurait connu une retraite paisible. Ancien chef du réseau Masséna, Jean-Claude Aron estime très justement qu'en situant la France parmi les puissances victorieuses à la Libération, le général de Gaulle tournait promptement une page douloureuse de notre Histoire et qu'un complot officiel du silence mettait entre parenthèse Vichy et la Collaboration. Mais l'Histoire refait toujours surface, même si certaines archives sont bouclées jusqu'en... 2045."

Jean Belot : encadré Télérama consacré au reportage de Michel Floquet, Emmanuel Ostian, Jean-François Monnet et Laurent Saubade : Papon : une France en procès, 1997.

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Papon