"Le Château de l'araignée (1)"
Après Rashômon, Vivre et Les Sept Samouraïs, Kurosawa (2) est l'un des cinéaste japonais les plus admirés au monde. En 1957, il tourne sa version de la tragédie de Shakespeare, Macbeth (3). Et c'est un nouveau chef-d'oeuvre. Les landes d'Ecosse cèdent la place aux sous-bois nippons. Le bois de Birnam devient la forêt de l'Araignée. Les trois sorcières des légendes anglo-saxonnes se transforment en fantômes de contes japonais. Kurosawa a "oublié" Shakespeare et a tourné son film "comme s'il s'agissait d'une histoire de son pays".
"Le masque blanc et impassible de lady Macbeth évoque le théâtre nô. Le jeu des comédiens est intériorisé. Dans le nô, explique Kurosawa, "il y a un certain hiératisme : on bouge le moins possible. Aussi, le moindre déplacement produit un effet vraiment intense et violent. Les acteurs de nô sont tous de véritables acrobates. Ilx exercent constamment leur corps comme des sportifs pour conserver leur souplesse. Ils savent comprimer leur énergie et évitent tout geste inutile."
"Le résultat est fascinant. La lady Macbeth de Kurosawa n'est plus une reine de chair et de sang mais une figure allégorique de la mort. Et l'on se perd dans les brumes de ce film beau et terrifiant comme un cauchemar. On s'y perd comme ses personnages, égarés dans une forêt dont les branches semblent tisser autour d'eux une gigantesque et fatale toile d'araignée."
Philippe Piazzo : encadré paru dans le supplément du Télérama 2382 (6 septembre 1995), p. XXVI.
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://www.cineclubdecaen.com/realisat/kurosawa/chateaudelaraignee.htm
(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Akira_Kurosawa et https://www.cineclubdecaen.com/realisat/kurosawa/kurosawa.htm
(3) Cf. not. : https://www.etudes-litteraires.com/macbeth.php