"En 1906, il fut convenu que Picasso ferait le portrait de Gertrude Stein (1). Celle-ci dut subir quatre-vingts séances de pose, et puis le peintre effaça la toile, déclarant qu'il ne pouvait plus la voir, et partit en Espagne. Plus tard, brusquement inspiré par une exposition d'antiques, au Louvre, il exécuta promptement le portrait sans demander à Gertrude Stein de poser. Quand il lui présenta le résultat, un peu déformé, elle se plaignit qu'elle ne retrouvait rien de ses traits dans le tableau."
"Non, dit Picasso, mais ça viendra."
NOTE JMS :
(1) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Gertrude_Stein, https://fr.wikipedia.org/wiki/Gertrude_Stein, https://fr.wikipedia.org/wiki/Portrait_de_Gertrude_Stein et https://www.babelio.com/auteur/Gertrude-Stein/28154/citations
SOURCE :
François Xavier Testu : Le Bouquin des méchancetés et autres traits d'esprit, Ed. Robert Laffont, col. "Bouquins", 2014, p. 764.
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"[...]."
"Je viens de quitter Gertrude Stein, lui dis-je. Nous avons eu une dispute. Je voulais t'en parler."
"Immédiatement, il ouvrit la porte toute grande et il dit :
- Entre alors."
"Nous longeâmes l'étroit couloir et nous prîmes à gauche pour déboucher dans la haute salle rectangulaire où ses visiteurs attendaient toujours, le matin, pour le voir. Il s'assit au bout d'une table et dit avidement :
- Raconte."
"Tandis que j'expliquais en détails ce qui s'était passé, Picasso s'irritait et s'excitait, marmonnant à plusieurs reprises : "La salope !", "La cochonne !"."
"Finalement, quand j'eus terminé, il sauta de la table et dit :
- Ainsi donc, tu as vu son vrai visage. Eh bien, je dois dire que tu as mis le temps pour comprendre. Ce premier jour où je t'ai envoyé la voir, je m'attendais à ce que tu reviennes me dire une demi-heure après quelle salope c'était. Cette cochonne. Une vraie fasciste, qui plus est. Elle a toujours eu un faible pour Franco. Imagine ! Pour Pétain aussi. Tu sais, elle a écrit des discours pour Pétain (1). Peux-tu imaginer ça ? Une Américaine. Une juive, qui plus est. Et elle est grasse comme une cochonne. Tu sais, elle m'a envoyé une fois une photo d'elle debout devant une auto et on ne pouvait même pas voir l'auto. Gertrude prenait toute la photo, cette cochonne."
"[...]."
"Quant à la Toklas (2), cette petite sorcière, sais-tu pourquoi elle porte une frange ? Elle avait une corne, dit-il en riant très fort. Au milieu du front. Une excroissance. Comme un rhinocéros. Elles formaient un couple parfait, Gertrude et Alice : l'hippopotame et le rhinocéros. Mais Alice a fait couper la corne et la frange est censée cacher le trou."
James Lord (3) : "un portrait de GERTRUDE STEIN par PICASSO" in Art Press n° 64, nov. 1982, p. 36.
NOTES JMS :
(1) "Gertrude Stein avait en fait traduit en anglais des discours de Pétain." (Note de la rédaction d'Art Press).
(2) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Alice_B._Toklas et https://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_B._Toklas
(3) Cf. not. : https://www.universalis.fr/encyclopedie/james-lord