Dans le documentaire de Marc Jampolsky écrit avec Marie Thiry : Mont-Saint-Michel. Le labyrinthe de l'archange (France, 2017, 90 mn), il est dit ceci, à propos de la prison du célèbre mont :
VOIX OFF :
""Un lieu bien étrange que ce Mont-Saint-Michel", dit Victor Hugo en visitant l'endroit en 1836 (1). Et il poursuit : "Partout autour de nous l'espace infini, l'horizon bleu de la mer, l'horizon vert de la terre, les nuages, l'air, la liberté. Et puis tout à coup là, dans une crête de vieux murs au-dessus de nos têtes, à travers une fenêtre grillée, la pâle figure d'un prisonnier.""
"Le mont est en effet devenu l'une des plus terribles prisons de France."
HENRY DECAËNS (2) :
"L'histoire carcérale du Mont-Saint-Michel, elle commence en réalité au Moyen Âge car l'abbé du mont était un seigneur féodal. Il avait donc des pouvoirs judiciaires et il y avait des cachots dans l'abbaye."
"[...]."
VOIX OFF :
"Au XVIIe siècle Louis XIV décide d'utiliser le Mont-Saint-Michel pour y enfermer des prisonniers politiques, ce qui vaut à l'endroit le surnom de Bastille des mers. On a aménagé une trentaine de cellules dans les logis abbatiaux et ce sont les moines qui assurent la garde des détenus. Mais la nouvelle vocation du mont va surtout s'affirmer partir de la Révolution."
"En 1789, l'Assemblée constituante abolit les voeux et les ordres monastiques. Les moines quittent le mont qui devient propriété de l'Etat."
"La forteresse ne rapporte plus rien et se dégrade. On décide alors de la reconvertir entièrement. [...]."
HENRY DECAËNS :
"En 1793, on transforme l'ensemble de l'abbaye en prison et les premiers détenus ont été des prêtres réfractaires à la constitution civile du clergé. Et puis ensuite ça a été des prisonniers politiques et puis surtout des prisonniers de droit commun."
"De 1793 à la fermeture de la prison en 1863 (3), il y a eu 14 000 détenus. Donc, on a changé vraiment d'échelle. [...]."
VOIX OFF :
"Les conditions de détention sont terribles. Le mont acquiert la réputation d'un enfer carcéral qui scandalise Victor Hugo : "Des spectres en guenilles se meuvent dans la pénombre blafarde sous les vieux arceaux des moines. La nef romane changée en réfectoire infect. Partout la double dégradation de l'homme et du monument.""
HENRY DECAËNS :
"C'était pitoyable, bien sûr, de transformer en prison des bâtiments aussi beaux et aussi fragiles, mais c'est ce qui a permis de sauver les murs. Il valait mieux servir de prison que de carrière de pierre."
"[...]."
NOTES JMS :
(1) Il est alors âgé de 34 ans.
(2) Henry Decaëns est un historien français né en 1942, spécialiste de la Normandie. Il a été guide-conférencier à l'abbaye du Mont-Saint-Michel de 1965 à 2012.
(3) Par Napoléon III.
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"Il faut qu'on arrête de considérer que tous ceux qui sont en prison, c'est de la merde."
Charles Villeneuve : "Villeneuve fait le mur". Entretien Télérama (n° 2393 du 22 novembre 2018, p. 137), à propos de son documentaire sur les prisons. Propos recueillis par Sophie Berthier.
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"C'est un documentaire effrayant. Il montre des vies sans issue, saccagées et tuées par la drogue. Il fait le portrait de sept femmes de Fleury-Mérogis (1), incarcérées dans une prison où 80 % des détenues étaient, en 1993, toxicomanes, 60 % récidivistes et 45 % séropositives. Doublement condamnées, d'abord pour avoir consommé de la "came", en avoir fait le trafic ou avoir volé pour acheter leurs doses ; ensuite, pour avoir été les victimes d'une politique de répression et d'emprisonnement qui les rendait pour la plupart inaptes à une réinsertion possible en sortant de prison. Chez presque toutes, des enfances meurtries par l'inceste et le viol, le suicide d'un proche et une éducation à vau-l'eau, qui débouchaient sur des fugues, des maternités imprévues, la prostitution, la découverte de la drogue. Elles débordent de vie, pourtant, elles font preuve d'une poignante et terrible lucidité, sans jamais accabler un père, un beau-père ou la poisse. Comme Laurence, bouleversante dans sa quête de respectabilité lorsqu'elle retrouve sa liberté, égarée et seule, sans logement, ni emploi, ni argent, réduite à se vendre, mais à le taire pour obtenir une aide. Elle mourra d'une overdose. Ces vies de pestiférées, on les dirait tirées d'un lointain Moyen Âge, mais elles sont impitoyablement contemporaines, elles se passent sous nos yeux, elles sont la honte d'une société aveugle et à bout de soufle. [...]."
Jean Belot : encadré Télérama (n° 2482 du 6 août 1997, p. 82) consacré au documentaire français de Jean-Michel Carré : Galères de femmes (1993, 1h30mn) (2).
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_d'arrêt_de_Fleury-Mérogis et https://fr.wikipedia.org/wiki/Fleury-Mérogis
(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Michel_Carré et https://www.filmsdocumentaires.com/auteurs/86-jean-michel-carre
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"Nous sommes devenus indifférents à ce qui se passe chez nous : notre population carcérale est passée de 300 000 en 1972 à 2,2 millions aujourd'hui, nous affichons le taux d'incarcération par habitant le plus élevé au monde, et cela ne dérange personne. Mon objectif est que les gens ne tolèrent plus une telle situation."
Samuel Blumenfeld (1) : Profession : redresseur de torts (2) in Le Magazine du Monde n° 436. Supplément au journal Le Monde du 25 janvier 2020, pp. 42-45.
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel_Blumenfeld
(2) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Bryan_Stevenson, https://fr.wikipedia.org/wiki/Bryan_Stevenson et https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Voie_de_la_justice
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"La prison écrase des gens qui bien souvent ont vécu à genoux toute leur vie [...]. Ici nous les remettons debout, en marche, et c'est éminemment subversif car cela va à l'encontre de l'idée que la seule réponse au délit et au crime est la prison."
Gabriel Mouesca (1)
NOTE JMS :
(1) Gabriel Mouesca* est un ancien détenu devenu directeur de la Ferme Emmaüs de Baudonne**
* https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Mouesca ; https://www.lspb.fr/gabriel-mouesca ;
https://www.babelio.com/livres/Glorion-Gabriel-Mouesca--Non-a-la-violenc...
https://www.actes-sud.fr/gabriel-mouesca-non-la-violence-carcerale
et https://www.radiofrance.fr/personnes/gabriel-mouesca
** https://www.fermeemmausbaudonne.fr ; https://fondationgrdf.fr/visite-de-la-ferme-emmaus-baudonne
et https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/le...
SOURCE DE LA CITATION :
Isabelle Poite : encadré Télérama consacré au documentaire de Sophie Bontemps : Détenues à ciel ouvert (Fr, 2024; 1h05mn).
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" "A vous faire regretter d'être né" : plongée dans la prison russe de Taganrog (1)"
"Auparavant simple centre de détention pour mineurs et femmes avec enfants, la prison de Taganrog, dans la région russe de Rostov (2), a été transformée en usine à broyer les Ukrainiens depuis l'invasion de 2022. Plusieurs témoignages de détenus couplés à une reconstitution inédite en 3D de l'intérieur des bâtiments permettent de mesurer la violence et la torture au sein de la prison."
in https://forbiddenstories.org/fr/prison-russe-taganrog-torture (3)
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Taganrog
(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rostov-sur-le-Don et https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ville_de_Rostov
(3) Cf. également l'enquête d'Emmanuel Grynszpan* : Taganrog, haut lieu de torture russe qui a été publiée dans le journal Le Monde du vendredi 2 mai 2025, p. 22.
* Cf. not. : https://lalettredumusicien.fr/auteurs/233