Le 30 octobre 1980, Coluche annonce, lors d'une conférence de presse, son intention de se présenter comme candidat aux élections présidentielles. Voici quelques réactions d'hommes politiques ou de personnalités :
"Coluche, qu'on s'évertue à nous présenter comme anticonformiste et subversif, est en fait un archi-milliardaire bien intégré, cynique et méprisant, qui cache ses vieilles idées derrière une salopette, des lunettes rondes et des chaussures jaunes."
Avant-garde, Jeunesse communiste.
"Sa candidature marque un coup. Ca fait honte aux gens. [...]. Et je trouve triste que ce soit quelqu'un de chez nous qui se dévoue pour incarner la déliquescence de la société politique française. [...]. Je sens animalement qu'au bout du compte, ce n'est pas bon pour nous, la famille des saltimbanques. On va nous fermer la gueule un peu plus."
Guy Bedos
"Le phénomène Coluche est une manifestation localisée mais significative de l'altération de la confiance de l'esprit populaire dans l'autorité. [...]."
Michel Debré
"Qui peut décemment affirmer que Coluche se moquera plus efficacement de la démocratie que Madame Saunier-Seïté, l'offensera plus qu'Alain Peyrefitte, la sapera plus que Christian Bonnet, la paralysera plus que Georges Marchais, la découragera plus que François Mitterrand, l'appauvrira plus que Raymond Barre ? [...]."
Jean-François Kahn, Les Nouvelles littéraires.
"Nombreux sont les travailleurs qui regardent avec sympathie Coluche dire merde à toutes les magouilles politiques. Pour beaucoup, en effet, au ras-le-bol du régime Giscard, s'ajoute l'écoeurement face à la politique actuelle des directions du P.C. et du P.S. La dérision et le rire de Coluche ne feront pas tomber ce régime, ne contribueront pas à transformer le ras-le-bol de la politique politicienne en volonté d'agir collectivement contre Giscard-Barre, contre les pratiques des bureaucraties ouvrières."
Alain Krivine, Ligue communiste révolutionnaire.
"[...]. Partageant avec Coluche la consternation devant le "club des quatre", je ne compte pas en revanche sur lui pour défendre l'écologie... Nous qui refusons que la politique devienne un spectacle pendant que les technocrates décident dans les coulisses, nous voyons le phénomène Coluche comme un symptôme et non pas comme un remède."
Brice Lalonde, écologiste.
"Je ne suis absolument pas gênée par la candidature de Coluche. Sa compagnie sur les écrans de la campagne électorale ne me paraît pas plus mauvaise que celles de certains autres avec lesquels je vais me trouver. Coluche est franc, sincère et probablement honnête. Les autres ne font rire personne..."
Arlette Larguillier, Lutte ouvrière.
"[...]. Cela ressemble à un poujadisme de gauche."
Jean Lecanuet, U.D.F.
"Coluche donne à croire que les élections ne sont qu'une vaste mascarade. La colère et la hargne de tous ces politiciens professionnels, de ces notables, de ces spécialistes en science politique et en droit constitutionnel font plaisir à voir... Les révolutionnaires ne peuvent que se réjouir des vagues que suscite la candidature Coluche dans tout le personnel politique de la bourgeoisie. Ces gens-là tremblent de voir leur système ridiculisé et dénoncé pour ce qu'il est : une farce. [...]."
Pierre Vernant, Lutte Ouvrière.
Cité dans Eric Bhat et Jean-Quentin Gérard : Le programme politique d'un mec nommé Coluche. Sa vie, son oeuvre, S.I.P.E. (Société internationale de presse et d'édition), Paris, 1981, pp. 44-46.