temps (weather)

"Pendant les vacances [...], à huit heures et quart, je vais chercher le Sud-Ouest au village ; je dis à Mme C. : il fait beau, il fait gris, etc. ; et puis je commence à travailler. A neuf heures et demie, le facteur passe (il fait lourd ce matin, quelle belle journée, etc.), et, un peu plus tard, dans sa camionnette pleine de pains, la fille de la boulangère (elle a fait des études, il n'y a pas lieu de parler du temps) ; [...]."

Roland Barthes : Roland Barthes par Roland Barthes, Ed. du Seuil, col. "écrivains de toujours", pp. 84/85.

__________________________________________________

"Ce matin, la boulangère me dit : il fait encore beau ! mais chaud trop longtemps ! (les gens d'ici trouvent qu'il fait toujours trop beau, trop chaud). J'ajoute : et la lumière est si belle ! Mais la boulangère ne répond pas, et une fois de plus j'observe ce court-circuit du langage, dont les conversations les plus futiles sont l'occasion sûre ; je comprends que voir la lumière relève d'une sensibilité de classe ; ou plutôt qu'il y  a des lumières "pittoresques" qui sont certainement goûtées par la boulangère, ce qui est socialement marqué, c'est la vue "vague", la vue sans contours, sans objet, sans figuration, la vue d'une transparence, la vue d'une non-vue (cette valeur infigurative qu'il y a dans la bonne peinture et qu'il n'y a pas dans la mauvaise). En somme, rien de plus culturel que l'atmosphère, rien de plus idéologique que le temps qu'il fait."

ibid., p. 178.  

__________________________________________________

"[...]. La pluie [...] avait éparpillé les manifestants. Il paraît que ça joue un grand rôle les jours d'émeute, de révolution... les intempéries, ce qui vous tombe du ciel. Les hallebardes, ça n'incite pas à prendre les Bastilles, tout le monde rentre chez soi pour la soupe. Un simple rayon de soleil, les barricades se dressent et l'insurrection triomphe."

Alphonse Boudard : Le café du pauvre, Editions de la Table Ronde, 1983, p. 201.

__________________________________________________

"La pluie cesse, et il en reste, un instant, une poussière de diamants minuscules, comme si, de là-haut, on secouait des miettes d'une grande nappe azurée."

Fernando Pessoa : Le Livre de l'intranquillité, Christian Bourgois éditeur, février 2004, 570 p. Trad. Françoise Laye (1)

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Livre_de_l'intranquillité ; https://www.babelio.com/livres/Pessoa-Le-livre-de-lintranquillite/266327 ;

 https://journals.openedition.org/bulletinhispanique/2743

et https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/fictions-theatre-et-ci...