"Luther, personnification de la liberté ? Un pourceau d'Epicure, un grossier Sylène, un satyre immonde ; flagorneur rampant de tous les princes, ennemi acharné des franches conséquences de ses propres principes ; thaumaturge absurde croyant au sortilège, à la magie, à toutes les farces diaboliques ; l'antipode de toutes nos doctrines métaphysiques, politiques et sociales..." "Pourquoi Luther plutôt que Jean Huss (1), figure bien autrement imposante que celle du moine augustin. Jean Huss, caractère grandiose, existence ascétique, martyr sublime !" "Est-ce donc le succès que nous chanterons dans Luther ?" "Devons-nous régler nos vénérations sur la victoire, et nos oublis sur la défaite ? La différence entre ces deux hommes n'est que celle du triomphe à la chute, car l'impulsion réformatrice vient de Jean Huss plutôt que de Luther. Il a la gloire d'avoir précédé l'imprimerie, qui est pour beaucoup plus que Luther dans le grand mouvement du XVIe siècle." "Si vous voulez un nom commémoratif du progrès, prenez celui de Gutenberg. Il a plus fait dans l'Histoire de l'humanité que tous les Luther du monde."
(Les Veillées du Peuple, 1849, n° I, p. 62.)
Auguste Blanqui : Ni Dieu ni Maître, Aden, col. "opium du peuple", Bruxelles, 2009, pp. 77/78.
NOTE JMS :
(1) Ce théologien, universitaire et réformateur religieux thèque naquit entre 1369 et 1373. Il fut excommunié en 1411. Condamné pour hérésie, il périt sur le bûcher en 1415. Contrairement à ce que fait Blanqui, il est recommandé d'écrire son nom avec un seul "s".