Dans l'encadré Télérama consacré au documentaire d'Isabelle Boni-Claverie (France, 2015, 55 mn) : Trop noire pour être Française ?, Hélène Marzolf écrit ceci :
"Isabelle Boni-Claverie est métisse. Elle est surtout française, ce qui, visiblement, ne suffit pas à la définir aux yeux des autres. Née dans un milieu privilégié, petite-fille d'Alphonse Boni, un ancien magistrat de la République française, la réalisatrice, formée à la Fémis, a vécu de l'intérieur cette discrimination sourde, ce racisme qui n'épargne pas les cercles dits "évolués"."
"En mêlant son expérience personnelle à une démonstration historico-sociologique, elle explore, avec finesse, les blocages liés à la couleur de peau, montre à quel point l'histoire coloniale continue à modeler l'inconscient collectif. Ponctué par des analyses [Pap Ndiaye (1), Achille Mbembe...], des extraits de publicité, de JT, des images de la campagne de boycott de la société Guerlain (dont la réalisatrice a été l'un des leaders après le dérapage raciste de Jean-Paul Guerlain), des témoignages d'anonymes, son film [...] vaut par son incarnation, la manière dont il investit son propos en mettant en lumière l'histoire de toute une famille. Et notamment celle des grands-parents Boni-Claverie, couple mixte qui, dans les années 30, brava les préjugés, donnant à croire, avant l'heure, à l'"avénement d'une société post-raciale". Une société qui, plusieurs décennies après, n'arrive toujours pas à accepter sa diversité."
NOTE JMS :
(1) Cet historien dira notamment dans ce documentaire : "Si les stéréotypes perdurent, c'est parce que, d'une certaine manière, ils ont une utilité sociale. Ils servent à faire perdurer des formes d'inégalité qui conviennent à une partie de la population française."