" [...]. C'est un homme qui écrit remarquablement bien mais c'est tout. Il n'est plus actuel. Sa voie de garage est le roman historique. Il s'apparente aux raconteurs d'histoires soviétiques officiels qui en sont restés à la mode du récit exhaustif, tout comme le cinéma soviétique. Il ne change plus rien. Il ne provoque plus l'écriture des autres."
"[...]. Il a sur le visage la sorte de mensonge dont je le soupçonnais, une faculté de jouer la bonne foi, presque la naïveté, pour faire avaler ses couleuvres [...]. Je me souviens avoir baissé les yeux de honte quand il a parlé des vies humaines qu'il avait sauvées."
"[Aragon, c'était] pire que le masque. Le visage était devenu un masque, mais en vie. L'horreur. Il mentait tout le temps et partout. [...]. Ca allait jusqu'au dégoût de ceux qui ont l'habitude de ça. Les yeux, comme Marchais, ne regardaient pas. On ne l'a jamais arrêté de parler (1). J'espérais que quelqu'un lui dirait : vous mentez [...]. Non, non, ils ont écouté jusqu'au bout ce héros de poubelle. Mais beaucoup, beaucoup de gens ont enfin compris ce qu'était Aragon cette nuit-là."
"Il n'y a pas d'écrivains communistes". Entretien des Cahiers du cinéma avec Marguerite Duras et qui a été publié dans "Les Yeux verts" de Marguerite Duras, n° 312-313 des Cahiers du cinéma de juin 1980 (rééd. oct. 2014 sous le titre Marguerite Duras et le cinéma. Les Yeux verts). L'extrait du texte cité se trouve aux pp. 131/32 de cette réédition.
NOTE JMS :
(1) Marguerite Duras parle dans cet entretien de l'un des passages de celui-ci à la télévision.
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"Aragon ! Lui-même... Tel qu'en lui-même enfin l'absence d'éternité le change... Le surréalisme vitreux... Le communisme hébété... Ne voyant rien... Ne percevant rien... Promenades de guignol..."
Philippe Sollers : Femmes, Paris, Gallimard, 1983 (1).
SOURCE : Guy Bechtel et Jean-Claude Carrière : Dictionnaire de la bêtise, suivi du Livre des bizarres, nouvelle éd., Robert Laffont, col. Bouquins, 2014, p. 43.
NOTE JMS :
(1) Louis Aragon, né en 1897, est décédé en 1982.