"Tu avais treize ans et les Romanov fêtaient leur tricentenaire. Quel film n'a pas montré cette procession des dignitaires, et qui le regarde ? Ce geste du gros bonhomme qui se frappe le front, que dit-il ? Que l'assistance est fêlée ? Non, il leur signifie d'ôter leur bonnet. On ne reste pas couvert au passage de la noblesse."
"J'imagine ce qu'un Machiavel russe aurait dû écrire à l'usage des puissants : "Dominez ! Exploitez ! Eventuellement massacrez ! N'humiliez jamais !"
"Et puisque le sport à la mode est de remonter le temps pour retrouver les coupables de tant de crimes et tant de malheurs déversés en un siècle sur la Russie, je voudrais qu'on n'oublie pas, avant Staline, avant Lénine, ce gros type qui ordonnait aux pauvres de saluer les riches."
Chris Marker : Le tombeau d'Alexandre, documentaire français, 1993, 2h00mn.
__________________________________________________
" "Il est grand temps que les gens sachent comment on vivait à Pukekohe" (1), lance à la caméra une habitante de cette ville du Nord de la Nouvelle-Zélande (2). Située à seulement 50 kilomètres d'Auckland (3), on y garda longtemps secrète la politique de "barrière raciale" entretenue par les Blancs en toute impunité. Des années 1930 aux années 1960, s'y exerça une ségrégation particulièrement sévère et sans commune mesure avec ce qui se pratiquait dans d'autres villes du pays."
"[Ce documentaire] nous révèle [...] une organisation sociale fondée sur l'humiliation d'une partie de sa population, interdite d'accès aux balcons du cinéma local comme, six jours sur sept, à la piscine municipale, cantonnée à un enseignement professionnel vouant les Maoris (4) à servir de main-d'oeuvre facilement exploitable, interdite de parler sa langue à l'école et contrainte de baisser la tête quand elle croisait des Blancs. [...]."
François Ekchajzer : encadré Télérama consacré au documentaire de Corinne Hunziker : No Mâori Allowed (Nouvelle-Zélande, 2022, 45 mn) (5).
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pukekohe
(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle-Zélande
et https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/nouvelle-zelande/present...
(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Auckland
(4) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maoris_(Nouvelle-Zélande)
(5) Cf. not. : https://www.nomaoriallowed.com
__________________________________________________
"Assistant pour Bresson, Demy ou Godard, Claude Miller (1) passe à la réalisation à la fin des années 1960 avec trois courts métrages, puis signe, en 1976, ce premier long fracassant. La Meilleure façon de marcher (2), sommet d'ambivalence psychologique, trouve son origine dans ses souvenirs en colonies de vacances et dans l'interview d'Ingmar Bergman, à propos d'humiliations. En Auvergne, à l'été 1960, un moniteur de colo fort en gueule en surprend un autre, travesti en femme. Une histoire qui, selon l'auteur, portait moins sur l'homophobie ordinaire que sur le harcèlement moral [...]. Souvent grinçant - l'affrontement des beaufs et des intellos dans la salle des monos, entre partie de poker et visionnage des Fraises sauvages (3) -, le film est surtout glaçant. Pour le cinéaste, l'homme ne grandit jamais, l'adulte bridant les bons côtés de l'enfance (la créativité) pour n'en valoriser que les pires (la cruauté). [...]."
Nicolas Didier : encadré Télérama consacré au film de Claude Miller : La Meilleure Façon de marcher (France, 1976, 1h30mn).
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Miller ; https://www.babelio.com/auteur/Claude-Miller/39267 ;
http://cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr/index.php?pk=5021 et https://www.franceculture.fr/personne-claude-miller.html
(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Meilleure_Façon_de_marcher
(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Fraises_sauvages ; https://www.cineclubdecaen.com/realisat/bergman/fraisessauvages.htm ;
https://dvdclassik.com/critique/les-fraises-sauvages-bergman
et http://www.analysesdesequences.com/2016/01/11/les-fraises-sauvages-ingmar-bergman-1957