"[...] prendre un mot pour un autre est la manière la plus sûre d'installer un gouvernement injuste. Voilà la tâche des historiens, et de tous ceux qui prétendent porter une parole publique : nommer avec exactitude les choses qui adviennent. Cela suppose du tact, de la retenue, de la délicatesse. Mais il faudra aussi se faire entendre, donc assumer une forme de violence verbale. La pensée, c'est aussi une violence faite aux choses."
Patrick Boucheron dans des propos recueillis par Gilles Heuré pour Télérama (n° 3399, semaine du 7 au 13 mars 2015).
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Monsieur Morin, qui fut fleuriste dans l'île Saint-Louis et qui fut également l'ancien patron de Coluche (entre le 5 sept. 1963 et le 1er avril 1964), dit notamment à son propos :
"Il y avait une certaine violence en lui. La vendeuse, qui est une dame âgée, faisait un régime basé sur les biscottes sans sel. Un jour, Coluche brisa toutes les biscottes d'un coup de poing."
Eric Bhat et Jean-Quentin Gérard : Le programme politique d'un mec nommé Coluche. Sa vie, son oeuvre, S.I.P.E. (Société internationale de presse et d'édition), Paris, 1981, p. 8.
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"Montrouge, comme le dit Coluche, c'était pas la zone, mais c'en était pas loin. [...]. Montrouge, c'est aussi les bandes de loubards (1), les J3 (2) qui ont fait parler d'eux à la fin de la guerre. Alors le petit Michel, tout gamin, commence déjà a avoir de mauvaises fréquentations [et sa] mère a peur qu'il tourne mal. [...].
Ibid., p. 6.
NOTES JMS :
(1) LOUBARD, ARDE, qu'on écrit également LOUBAR et qu'on abrège en LOUB, est attesté depuis 1973 [source : Dictionnaire historique de la langue française (sous la direction d'Alain Rey), Dictionnaires LE ROBERT, Paris, 2010].
(2) "[...]. Qu'on les appelle les J3, les Blousons noirs (a) et plus tard les Loubards, leurs vêtements et surtout leurs tatouages, signalent leur réprobation à l'égard de la société et leur volonté de ne pas en faire partie. Les tatouages mentionnés dans les rapports d'accueil des d'établissements représentent généralement des motifs stéréotypés que l'on retrouve tout au long de la période étudiée. Ainsi, à la fin des années quatre-vingts, Alain, placé au Foyer Fraternel de Beuzevillette (b), "possède la panoplie d'identification aux valeurs marginales (la croix des voyous, les trois points, les cinq points, les points sur les 3 premières phallanges, etc.)." Ce véritable langage, issu du milieu carcéral, constitue un code connu des seuls initiés : les trois points signifient ainsi la haine de la police, les cinq points la haine de la prison, et un point à la base de chaque doigt la haine de la justice. A la même époque, un autre pensionnaire du foyer s'est fait tatouer un poignard avec un serpent symbolisant la vengeance. Signes de marginalité et de révolte, ils constituent de véritables marqueurs sociaux [...]."
Sophie Victorien (c) : "Les établissements privés habilités par l'Education surveillée : des lieux de concentration de la haine", in La haine. Histoire et actualité, sous la direction de Frédéric Chauvaud et Ludovic Gaussot, Presses universitaires de Rennes, col. "Histoire", 2008.
SOUS-NOTES JMS :
(a) La locution BLOUSON NOIR est apparue en 1960 [source : Dictionnaire historique de la langue française (sous la direction d'Alain Rey), Dictionnaires LE ROBERT, Paris, 2010].
(b) Ce foyer est toujours en activité et Beuzevillette est une petite commune de Normandie, située dans le département de la Seine-Maritime (en 2013, elle comptait 677 habitants).
(c) Sophie Victorien est docteure en histoire contemporaine. Sa thèse, soutenue sous la direction de Yannick Marec, est intitulée : Jeunesses dangereuses, jeunesses malheureuses. La prise en charge de l'enfance inadaptée par le secteur associatif en Seine-Maritime (1945 - milieu des années 1980) et a été éditée aux Presses universitaires de Rennes en 2011.
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"C'est une règle graduée en dix-huit indices d'alerte, de la moquerie en public au contrôle des sorties en passant par la gifle jusqu'aux menaces avec une arme. Le "violentomètre" (1) aide les jeunes filles et les jeunes femmes à évaluer la violence dans leurs relations amoureuses et à agir en conséquence. Distribué dans les lycées franciliens, cet outil de prévention est téléchargeable gratuitement."
S. Be. : article Du vert au rouge in Télérama n° 3642 du 11 octobre 2019, p. 49.
NOTE JMS :
(1) Cf. not. : https://www.centre-hubertine-auclert.fr/outil/brochure-violentometre
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"[...] qu'adviendra-t-il [demain], non pas seulement de la réforme des retraites, mais aussi des craintes et de la violence qu'elle suscite ? L'actuel mouvement de contestation est censé renouer avec le vieux schéma des grandes grèves syndicales, façon 1995. Modes d'action éprouvés, finalement rassurants face à l'incertitude de nos avenirs. Sauf qu'en vingt-quatre ans la France a changé. Les syndicats ont beau être revenus ces derniers jours sur le devant de la scène politique et médiatique, ils ne maîtrisent plus à eux seuls le jeu social. Marginalisés depuis trop longtemps par les gouvernants. Débordés par leurs bases, qui n'ont cessé de s'en émanciper, des Bonnets rouges à Nuit debout en passant, bien sûr, par les Gilets jaunes. Dépassés, surtout, par une violence qui s'est révélée parfois plus efficace que les longues négociations dans les salons de la République : il y a pile un an, le 10 décembre 2018, Emmanuel Macron concédait une série de mesures pour apaiser la rue... juste après de spectaculaires dégradations sur les Champs-Elysées. Depuis, la violence semble s'imposer comme un élément récurrent de tout conflit social majeur. Violence des black blocs, violences policières, et maintenant, lettres de menace envoyées au domicile de CRS... Qu'elle éclate ou pas, la violence est là, présente dans les esprits, toujours possible. [...]."
Valérie Lehoux : Violence partout, in Télérama n° 3648 du 11 décembre 2019, rubrique Premier plan.
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"[...] la seule chose, moi, qui m'a marquée, mais qui m'a marqué probablement à vie, [...] c'est d'avoir entendu cette conversation [...] de cette journée où j'avais 7-8 ans, et j'étais à table avec plusieurs adultes qui étaient des rescapés et discutaient des camps de concentration, et discutaient de ces choses-là, et c'est vrai que, à partir de là, bon ben j'me suis dit que le monde n'était pas un monde très joyeux [...], c'est ce jour-là que j'me suis dit, bon ben il va falloir apprendre à vivre dans un monde difficile, et c'est ce que j'me suis toujours efforcé de faire, j'ai survécu dans ce monde, qui n'était pas le monde hostile de Vladek (1), qui était quand même beaucoup plus serein, beaucoup plus agréable, mais après tu t'dis qu'il faut apprendre à s'défendre [...]."
Le père de la documentariste (2)
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maus
(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pauline_Horovitz et https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_createur/38725
SOURCE :
Récit de l'enfer d'Auschwitz. Maus, d'Art Spiegelman, de Pauline Horovitz (FR., 2024, 55 mn).
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"[...] quand un soldat s'est rendu coupable de violences sexuelles [avec une collègue], on doit lui montrer la sortie. C'est un soldat qui, demain, pourrait être mis devant des Rwandaises, devant des femmes en ex-Yougoslavie, devant des femmes en Afghanistan. S'il est pas capable de se tenir avec sa collègue, comment on va s'assurer qu'il va assurer la sécurité de femmes, de jeunes filles, sur le terrain. Ca veut dire ça, hein."
Intervention de Leïla Minano (1) dans le documentaire de Pierre-Stéphane Fort et Mikael Bozo : Harcèlement dans l'armée : des militaires brisent le silence (FR, 2024, 1h00mn).
NOTE JMS :
(1) Cf. not. : https://www.investigate-europe.eu/fr/team/leila-minano ; https://www.babelio.com/auteur/Leila-Minano/299701
et https://www.radiofrance.fr/personnes/leila-minano
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"L'injustice appelle l'injustice ; la violence engendre la violence."
Lacordaire : Pensées (1)
NOTE JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Lacordaire ; https://www.babelio.com/auteur/Henri-Dominique-Lacordaire/120984
et https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/henri-lacordaire
SOURCE :