vie

"[...]. La survie (1) est nécessaire à la vie, mais une vie réduite à la survie n'est plus la vie."

"C'est la première découverte que j'ai faite, à douze ans, en voyant l'existence misérable des mendiants dans L'Opéra de quat'sous (2). Plus tard, je n'ai cessé de constater les immenses et innombrables misères humaines, où survivre dans le besoin, le dénuement, sous l'oppression et l'humiliation était sous-vivre, pire encore que survivre."

"C'est là une des tragédies humaines les plus profondes et les plus universellement répandues : tant de vies consacrées et condamnées à la survie. C'est une des tâches essentielles d'une politique humaniste : créer les conditions qui donnent la possibilité non seulement de survivre, mais aussi de vivre."

"Vivre, c'est pouvoir jouir (3) des possibilités qu'offre la vie - ce que j'appris progressivement."

Edgar Morin : Leçons d'un siècle de vie, Denoël, 2021, chap. III, Savoir Vivre, p. 47-48.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/survie et https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/survie

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/L'Opéra_de_quat'sous ; 

https://www.babelio.com/livres/Brecht-LOpera-de-quatsous/19856 ; https://www.musicologie.org/sites/d/dreigroschen.html 

et https://www.francemusique.fr/emissions/musicopolis/berlin-1928-l-opera-de-quat-sous-94817

(3) Comment ici ne pas penser au jeu de mots lacanien : J'ouïs sens, mais en lui donnant un sens autre que celui-ci lui donne, sens qui peut s'exprimer sous la forme de cette lapalissade* : la vie n'est la vie que si l'on peut y ouïr du sens, si j'ouïs sens (JMS)

* Je pense que les lapalissades sont tout sauf de niais pléonasmes, et ceci parce que, justement, ils pointent autre chose, sont dans un ailleurs de la pesante, mais parfois nécessaire, littéralité (JMS)