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"Maintenant que je me les suis fadés... que je me les fade, les clowns et les clownesses, en tant qu'auteur, je suis plus à même d'en parler en connaissance de vraie cause. Ils sont tous gentils, merveilleux, humbles et patients quand ils sont inconnus... Deux troisièmes couteaux, ils sont encore humains. Sitôt que le succès leur arrive, que les projecteurs de la gloire s'allument pour leur frime ou leurs fesses, alors ils se métamorphosent monstres... abominables tyranneaux, pires que les pires dictateurs sud-américains... plus sordides que les bourgeois versaillais (1) de M. Thiers (2). Le tout avec des déclarations enflammées pour le peuple... le coeur à gauche... se déchirant l'âme pour tous ceux qui souffrent aux quatre coins du monde, toutes les causes les plus perdues ! Seulement voilà, tous ce qui les entourent ne doit vivre que pour eux, par eux, à leur dévotion absolue, se plier à tous leurs caprices les plus délirants. Ils ne supportent les auteurs que dans le rôle de domestiques, de valets de chiottes. Et plus ils sont nuls, obtus, incultes, plus ils se prennent pour des génies." 

Alphonse Boudard : Le café du pauvre, Editions de la Table Ronde, 1983, p. 229.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Versaillais_(homonymie)

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Adolphe_Thiers ; https://www.elysee.fr/adolphe-thiers ; https://www.monde-diplomatique.fr/mav/95/PIRONET/18670 et https://histoire-image.org/fr/etudes/louis-adolphe-thiers-1797-1877-president-republique-francaise