"[...]."
"Ni poirier, ni troupeau, désormais le pré a été vendu à la découpe, et des maisons de lotissement sans étage, aux crépis rose champagne, y ont poussé. Un néologisme, proposé par le philosophe de l'environnement australien Glenn Albrecht (1) dans la revue Nature (2) en 2005, s'applique au genre d'émotion que j'éprouve devant ce paradis perdu : ce sont des accès de solastalgie (3). Comme la nostalgie, la solastalgie est une tristesse liée à la perte d'un lieu cher. [...]. Selon Albrecht, la stabilité des environnements terrestres est essentielle à notre santé psychique, et les catastrophes écologiques créent des dépressions, de l'anxiété. Chez les Aborigènes d'Australie, les Indiens d'Amazonie, la destruction du bush ou des forêts primaires de leurs ancêtres entraînerait même des épidémies de suicides."
"Le concept est frappant, et pourtant, on aurait envie de le retourner - comme pas mal de théories catastrophistes - pour découvrir son envers positif, son double lumineux. Je propose de former un nouveau mot : adamastophilie, en liant le grec adamastos, "intact", "indompté", "vierge", et philia, "amour". L'adamastophilie, c'est l'admiration et la gratitude que nous ressentons devant les paysages qui n'ont pas encore été abîmés, qui sont intacts. [...]."
Le charme de l'intact : édito d'Alexandre Lacroix (4) au philosophie magazine n° 136, février 2020, p. 3.
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Glenn_Albrecht
(2) Cf. not. : https://www.universalis.fr/encyclopedie/nature-revue
(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Solastalgie et http://www.solastalgie.fr/la-solastalgie-c-est-quoi
(4) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Lacroix et http://alexandrelacroix.com