sociabilité

"[...] l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société [...] est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société. L'homme à un penchant à s'associer, car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par le développement de ses dispositions naturelles. Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher (s'isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens ; et, de ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de tous côtés, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres. C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse, et, sous l'impulsion de l'ambition, de l'instinct de domination ou de cupidité, à se frayer une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer. [...]."

Imanuel Kant (1) : Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolite, proposition IV in : Kant : La philosophie de l'histoire (opuscules), chez Denoël/Gonthier, 1972, p. 31. Rééd. de l'ouvrage paru aux éditions Montaigne en 1947. Edition établie et traduite par Stéphane Piobetta (2).

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/kant et https://jmsauvage.fr/lettres-philosophie-sciences-humaines/kant ;

voir également : https://jmsauvage.fr/dictionnaire-des-citations/discorde

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stéphane_Piobetta ; https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/stephane-piobetta

et https://maitron.fr/spip.php?article159075