"[...] je voudrais [...] comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n'a de puissance que celle qu'ils lui donnent, qui n'a pouvoir de leur nuire qu'autant qu'ils veulent bien l'endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s'ils n'aimaient mieux tout souffir de lui que de le contredire. Chose vraiment étonnante - et pourtant si commune qu'il faut plutôt en gémir que de s'en ébahir -, de voir un million d'hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu'ils soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d'un, qu'ils ne devraient pas redouter - puisqu'il est seul - ni aimer - puisqu'il est envers eux tous inhumain et cruel."
Etienne de la Boétie : Discours de la servitude volontaire, Ed. Mille et une nuits, oct. 1995, p. 8. Traduction en français moderne de Séverine Auffret.
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"Le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude."
Napoléon Ier (1769-1821) (1)
SOURCE : Le Monde. 200 pensées à méditer avant d'aller voter, Omnibus/Le Monde, mars 2017, p. 23.
NOTE :
(1) Ecrit en note du livre de son frère Louis Bonaparte : Histoire du parlement anglais (1820).