Rousseau

Dans un courrier à Télérama du 18 juillet 2012 (n° 3262, p. 16), Anne-Sarah Moalic (docteure en histoire contemporaine, université de Caen-Basse-Normandie) fait remarquer, à propos de Rousseau, la chose suivante :

« (…) j’ai un a priori négatif sur le "promeneur solitaire’’, dont les Rêveries m’avaient profondément agacée quand j’étais au lycée. Lorsque j’ai rédigé ma thèse sur le vote des femmes en France, je suis allée consulter l’Emile, puisque sa pensée a en effet eu une grande influence sur la pensée française. Or, au côté d’Emile, il y a Sophie. Et quand Rousseau parle des "enfants’’, il sous-entend "les garçons’’. Penseur de l’égalité, le sexe est une limite qu’il ne franchit pas. "Le mâle n’est mâle qu’en certains instants, la femelle est femelle toute sa vie ou du moins toute sa jeunesse’’, écrit-il, n’ayant pas de mots trop durs pour les femmes, forcément extrêmes, outrées, flatteuses, dissimulées, ridicules dès qu’elles veulent "usurper’’ la place des hommes. Cela se ressent bien sûr dans leur éducation, et Sophie n’est pas à la même école de liberté qu’ Emile. Rousseau, éclairé ? Oui, mais encore à la bougie. Je ne dénonce pas son attitude, commune à la majorité des hommes et des femmes de son temps. Seulement, il me semblait important de ne pas oublier cet aspect-là de sa pensée. »