"La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple (1)."
"Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu'il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c'est exiger qu'il soit renoncé à une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole."
Karl Marx : Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, Ed. Allia, janvier 1998, 48 p. Trad. de Jules Molitor (1935).
NOTE JMS :
(1) Cet extrait du texte de Karl Marx est notamment repris en deuxième de couverture de la col. opium du peuple, des Editions Aden (Bruxelles) et on peut le trouver également dans une traduction assez proche de Maximilien Rubel (avec la col. de Louis Evrard et Louis Janover) publiée en avril 1994 chez Folio essais dans le recueil d'écrits du philosophe allemand (p. 90 ; 2ème page de l'introduction*).
* Ajoutons ici que, dans une note très instructive de présentation de cette introduction (pp. 533-534), il est dit ceci :
"On lit chez Heine : "Pour les hommes à qui la la terre n'a plus rien à offrir, on a inventé le ciel [...]. Gloire à cette invention ! Gloire à une religion qui a versé à l'humanité souffrante, dans la coupe amère, quelques gouttes douces et soporifiques, de l'opium moral, quelques gouttes d'amour, d'espoir et de foi" (Ludwig Börne, éd. 1971, p. 111 et commentaire de K. Briegleb, ibid., p. 866). Voir aussi Wackenheim, 1963, p. 187, sq. "La célèbre phrase : "La religion est l'opium du peuple" n'est qu'une répétition de la théorie de Bauer selon laquelle la religion enndort la conscience des croyants, les réconcilie avec la réalité misérable en dessinant un tableau illusoire du bonheur promis dans le monde futur" (Z. Rosen, 1977, p. 140). L'auteur renvoie, en outre, à d'Holbach et à S. Maréchal, qui employaient, à propos de la religion, des comparaisons métaphoriques similaires."
__________________________________________________
"Rivarol disait de Palissot, tour à tour transfuge de la religion et de la philosophie : "Il ressemble à ce lièvre qui, s'étant mis à courir entre deux armées prêtes à combattre, excita tout à coup un rire universel"."
François Xavier Testu : Le Bouquin des méchancetés et autres traits d'esprit, Ed. Robert Laffont, col. "Bouquins", 2014, p. 819.
___________________________________________________
"L'on ne peut pas douter que tous les libertins et les malfaiteurs de ces temps-là, connus sous le nom de routiers, cotereaux et mainades, ne se soient joints aux albigeois (1) dès qu'ils virent que, sous prétexte de religion, l'on pouvait piller, violer, brûler et saccager impunément."
Nicolas Sylvestre Bergier : Dictionnaire de théologie dogmatique, article "Albigeois", 1788.
SOURCE : Guy Bechtel & Jean-Claude Carrière : Dictionnaire de la bêtise, suivi du Livre des bizarres, nouvelle éd., Robert Laffont, col. Bouquins, 2014, p. 23.
NOTE :
(1) Croisade des Albigeois [1208-1244] : guerre menée à l'initiative du pape Innocent III [1160-1216 (pape de 1198 à 1216)] contre le comte de Toulouse Raimond VI et les albigeois ou cathares, par les barons du Nord conduits par Simon de Montfort. Elle fut déclenchée à l'occasion de l'assassinat de Pierre de Castelnau, légat pontifical, et, marquée d'atrocité de part et d'autre, s'acheva par la prise de Montségur [d'après différentes éd. du Petit Larousse illustré].
__________________________________________________
"Fait partie des bases de la société. Est nécessaire pour le peuple."
Gustave Flaubert : Le Dictionnaire des idées reçues, Le Castor Astral, col. "Les Inattendus", 2015.
__________________________________________________
"L'humanité use de la religion comme d'un vêtement d'enfant devenu trop petit : rien à faire, il éclate."
Arthur Schopenhauer : Die Kunst zu beleidigen, Verlag C.H. Beck, àHG, München, 2002 (L'art de l'insulte, Ed. du Seuil, 2004, pour la trad. française par Eliane Kaufholz-Messmer, p. 140).
__________________________________________________
"Les religions sont enfants de l'ignorance : elles ne survivent pas longtemps à leur mère."
Arthur Schopenhauer : idem ci-dessus, p. 140.
__________________________________________________
Dans les siècles anciens, la religion était une forêt derrière laquelle des armées pouvaient faire une halte et se mettre à l'abri. [...] Mais après tant d'erreurs elle n'est plus que broussailles derrière lesquelles des escrocs peuvent se cacher. Il faut donc se garder de ceux qui aimeraient l'impliquer dans tout ce qui se passe, et les accueillir avec le proverbe [...] : Detras de la cruz est el diablo [derrière la croix se tient le diable]."
Arthur Schopenhauer : idem ci-dessus, p. 140.
__________________________________________________
"L'idée de Dieu, les religions, source et maintien de l'ignorance, de l'abrutissement, par conséquent de l'esclavage, de la misère."
(Bibl. Nat. Mss fr., N.A. 9591.)
Auguste Blanqui : Ni Dieu ni Maître, Ed. Aden, col. "opium du peuple", Bruxelles, 2009, p. 44.
__________________________________________________
"Avec la tyrannie religieuse, l'instruction n'est plus qu'un instrument de mort, une corde pour pendre, un chevalet pour torturer, une torche pour brûler les hérétiques, les dissidents, les penseurs, tout ce qui s'écarte du culte prétendu moralisateur."
"[...]."
(Bibl. Nat., Mts français, N.A., 9581, n° 74.)
Auguste Blanqui : Ni Dieu ni Maître, Aden, col. "opium du peuple", Bruxelles, 2009, p. 58.
__________________________________________________
Dans un texte écrit sur Bertrand Russell, signé O. T.,intitulé "Misère de la religion, grandeur du mysticisme" et publié dans Le Point références. Vivre sans Dieu. Les textes fondamentaux (décembre - janvier 2017, p. 92.), on peut y lire notamment ceci :
"[...]."
"Sur le plan théorique, la religion est caractérisée par une adhésion irrationnelle au dogme de l'existence de Dieu. Or il est patent qu'une telle existence est impossible à attester sur le plan de l'expérience sensible et qu'elle est indémontrable sur le plan du raisonnement scientifique. [...]."
"En la matière, seul le scepticisme est une attitude pertinente : la seule chose que je sais de Dieu, c'est que je ne sais pas s'il existe. Mais une telle prudence agnostique vire aisément à l'athéisme résolu, pour peu que l'on prenne conscience de l'obscurantisme religieux en matière de connaissance scientifique : non contentes d'affirmer une existence impossible à prouver, les religions se sont constamment opposées aux progrès de la connaissance humaine, comme l'attestent les exemple de Galilée, qui dut se parjurer et renoncer officiellement à l'héliocentrisme pour sauver sa vie (1), et de Darwin, dont la théorie de l'évolution est encore remise en cause aujourd'hui par les fondamentalistes. Non seulement les religions prétendent connaître l'inconnaissable, mais elles refusent même de reconnaître le connaissable."
"Le verdict s'aggrave si l'on prend en compte les conséquences morales et politiques des grandes religions : en prenant parfois beaucoup de libertés avec les paroles des fondateurs, elles se sont transformées en institutions sociales exerçant une domination tyrannique sur les hommes. Retardant les avancées scientifiques et les progrès politiques, engluant les peuples dans un conservatisme tous azimuts, elles ont fait d'une illusion théorique une redoutable menace pour la liberté et l'égalité des hommes. Plus grave, elles ont fait de l'homme un lâche, incapable d'affronter la réalité sans le secours d'une croyance en une vie meilleure dans l'au-delà."
"[...]."
NOTE JMS :
(1) L'Eglise ne l'a d'ailleurs réhabilité qu'en 1992 !
__________________________________________________
"Il fut un temps où il était impossible d'être incroyant. L'historien Lucien Febvre (1) l'avait bien montré dans Le Problème de l'incroyance au XVIe siècle (2) : Rabelais (3) pouvait critiquer vertement l'Eglise et les curés, mais il ne pouvait être athée, c'était hors du cadre mental de l'époque."
"Aujourd'hui, à l'heure des ordinateurs et de la physique quantique, on peut se demander comment il est encore possible de croire. [...]."
"Une réponse à cette énigme est peut-être la suivante : en réalité, la plupart des croyants d'aujourd'hui ne croient pas vraiment aux dogmes de leur propre religion. [...]."
"Très tôt, les théologiens juifs, chrétiens et musulmans ont produit des interprétations distanciées des textes sacrés. A La lecture littérale de la Bible ou du Coran, on peut substituer des lectures morales, spirituelles, existentielles ou métaphysiques. [...]. Pour beaucoup de croyants aujourd'hui, les dogmes comptent moins que les messages - l'amour, la paix, le bien, la joie, la justice, etc. On adhère à des valeurs plus qu'à un corpus de dogmes."
"Il est aussi des gens pour qui la présence de leur dieu est plus importante que son existence. Je m'explique. Une amie fervente chrétienne m'a expliqué un jour que Jésus était pour elle comme un "ami imaginaire". La présence de ce compagnon virtuel à ses côtés le soutenait et comptait plus pour elle que de savoir s'il existait vraiment ou non, ce dont elle n'était pas vraiment sûre. Après tout, n'est-ce pas ce que l'on fait avec les héros de fiction : leur "présence" comme soutien moral ou comme modèle de vie ne signifie pas leur existence effective. Les religions au XXIe siècle ont cette capacité d'accueillir en leur sein de multiples types d'expérience et d'engagement [...] et de multiples degrés d'adhésion [...]. Voilà une raison de leur permanence. [...]."
Jean-François Dortier (4) : "Comment peut-on être croyant ?" : éditorial du mensuel Sciences Humaines : Croire en Dieu aujourd'hui. Panorama des religions en France, avril 2020, n° 324, p. 5.
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lucien_Febvre ; https://www.babelio.com/auteur/Lucien-Febvre/15976 ;
https://www.college-de-france.fr/site/lucien-febvre/index.htm ; https://data.bnf.fr/fr/11902460/lucien_febvre
et https://www.franceculture.fr/personne-lucien-febvre
(2) Le titre exact est : Le Problème de l'incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais, Albin Michel, 2003 (1ère éd. 1942).
(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/François_Rabelais ; http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-rabela.htm ;
https://www.babelio.com/auteur/Francois-Rabelais/2223 ; http://www.cosmovisions.com/Rabelais.htm
et https://www.franceculture.fr/personne-francois-rabelais.html
(4) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Dortier ; https://www.babelio.com/auteur/Jean-Francois-Dortier/4430 ;
https://www.dortier.fr et https://www.franceculture.fr/personne/jean-francois-dortier
__________________________________________________
"Je n'ai jamais été trop porté sur la religion. [...]. Tout cela ne me convainquait guère. Et j'avais eu du mal aussi avec le Père Noël."
Hervé Le Tellier : Toutes les familles heureuses, chap. XIII : Fragments d'enfance, éditions Jean-Claude Lattès, août 2017, pp. 162-163. Rééd. Le Livre de Poche, mars 2021, 192 p.
__________________________________________________
"Pour moi, très franchement, les religions c'est des équipes de foot. Vous êtes né là, moi j'suis né là, bon, c'est comme ça, hein. Mais l'assassinat, ça nous concerne tous, l'arbitraire, ça nous concerne tous."
Emmanuel Guibert (1)
NOTE JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Guibert ; https://www.babelio.com/auteur/Emmanuel-Guibert/1939
https://www.bdtheque.com/recherche/series/auteurs=Guibert%20%28Emmanuel%29
et https://www.radiofrance.fr/personnes/emmanuel-guibert
SOURCE :
Récit de l'enfer d'Auschwitz. Maus, d'Art Spiegelman, de Pauline Horovitz (France, 2024, 55 mn).
__________________________________________________
"'Religion nom féminin Ensemble de croyances, reconnaissance d'un principe supérieur. Dans le bassin minier nordiste, le paternalisme va de pair avec la religion catholique, qui doit assurer la bonne moralité des mineurs. Tout au moins jusqu'à la Seconde Guerre mondiale."
"La citation : "Les Compagnies minières, soucieuses de faire venir et de s'attacher ces populations moins exigeantes dans leurs revendications, cherchent à satisfaire leurs besoins religieux : des églises sont construites, un clergé appointé fait son apparition, des écoles des mines se mettent en place avec un personnel propre. Près de 80 % des familles continuent de baptiser leurs enfants dans la région d'Hénin-Liétard (1), des missions de rédemptoristes (2) sont bien accueillies mais "dans ce milieu ouvrier, où l'on agite tant de questions, les gens s'habituent à raisonner." [Bruno Béthouart dans Des syndicalistes chrétiens en politique (3)]."
"L'histoire. Les patrons des compagnies sont en général de bons catholiques qui entendent que leurs salariés se rendent à la messe le dimanche. Dans les cités minières, ils font construire des églises et des chapelles, paient les prêtres. Avant la guerre 14-18, certaines compagnies exigent un certificat de communion ou une lettre de recommandation du curé avant toute embauche. Pour obtenir un logement, il faut que le couple soit marié à l'église. Les mineurs ne sont pas en reste en amenant la statue de Sainte-Barbe (4) au fond, voire en finançant, comme à Carvin (5), la construction d'une église. L'arrivée massive des Polonais, à partir de 1920, aiguise cette pratique religieuse avec des églises qui leur sont spécialement dédiées. La religion est aussi un facteur d'intégration, comme pour les Italiens. Le pouvoir de l'Eglise est cependant confronté à celui du Parti communiste, très implanté dans les cités. L'arrivée des immigrés marocains, à partir de 1956, introduit dans le bassin minier, de plus en plus déchristianisé, le rite musulman et les mosquées."
Yves Smague : Le Petit dico du bassin minier. 161 mots et expressions du Nord et du Pas-de-Calais, LAVOIXéditions, oct. 2024, pp. 101-102.
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wiktionary.org/wiki/Hénin-Liétard
(2) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/rédemptoriste ; https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/redemptoriste ;
https://fr.wiktionary.org/wiki/rédemptoriste et https://fr.wikipedia.org/wiki/Congrégation_du_Très_Saint_Rédempteur
(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Béthouart et https://www.babelio.com/auteur/Bruno-Bethouart/237196
(4) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fête_de_la_Sainte-Barbe et https://nominis.cef.fr/contenus/saint/213/Sainte-Barbe.html
(5) Cf. not. : https://villedelens.fr