"Une patrie est un composé de plusieurs familles ; et comme on soutient communément sa famille par amour-propre, lorsqu'on a pas un intérêt contraire, on soutient par le même amour-propre sa ville ou son village, qu'on appelle sa patrie."
"Plus cette patrie devient grande, moins on l'aime, car l'amour partagé s'affaiblit. Il est impossible d'aimer tendrement une famille trop nombreuse qu'on connaît à peine."
"Celui qui brûle de l'ambition d'être édile, tribun, préteur, consul, dictateur, crie qu'il aime sa patrie, et il n'aime que lui-même. Chacun veut être sûr de pouvoir coucher chez soi sans qu'un autre homme s'arroge le pouvoir de l'envoyer coucher ailleurs. Chacun veut être sûr de sa fortune et de sa vie. Tous formant les mêmes souhaits, il se trouve que l'intérêt particulier devient l'intérêt général : on fait des voeux pour la république, quand on n'en fait que pour soi-même."
Voltaire : Dictionnaire philosophique (GF Flammarion, 2010), au mot Patrie (pp. 434/435).
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"[...] lequel vaut le mieux : que votre patrie soit un Etat monarchique ou un Etat républicain ? Il y a quatre mille ans qu'on agite cette question. Demandez la solution aux riches, ils aiment tous mieux l'aristocratie ; interrogez le peuple, il veut la démocratie ; il n'y a que les rois qui préfèrent la royauté. Comment donc est-il possible que presque toute la terre soit gouvernée par des monarques ? Demandez-le aux rats qui proposèrent de pendre une sonnette au cou du chat (1). Mais en vérité, la véritable raison est, comme on l'a dit, que les hommes sont très rarement dignes de se gouverner eux-mêmes."
"Il est triste que souvent, pour être bon patriote, on soit l'ennemi du reste des hommes. [...]. Etre bon patriote, c'est souhaiter que sa ville s'enrichisse par le commerce, et soit puissante par les armes. Il est clair qu'un pays ne peut gagner sans qu'un autre perde, et qu'il ne peut vaincre sans faire des malheureux."
"Telle est donc la condition humaine, que souhaiter la grandeur de son pays, c'est souhaiter du mal à ses voisins. Celui qui voudrait que sa patrie ne fut jamais ni plus grande, ni plus petite, ni plus riche, ni plus pauvre, serait le citoyen de l'univers."
Voltaire : idem ci-dessus, p. 436.
NOTE JMS :
(1) Cf. Jean de La Fontaine : Conseil tenu par les rats (Fables, livre II, 1).
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"On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels."
Anatole France (1844-1924) (1)
NOTE JMS :
(1) Cf. not. : http://atheisme.free.fr/Biographies/France.htm et http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/anatole-france
SOURCES :
Le Monde. 200 pensées à méditer avant d'aller voter, Omnibus/Le Monde, mars 2017, p. 104
et https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-bas-si-j-y-suis/on-cr... ;
et pour le texte dans son intégralité, cf. : https://fr.wikisource.org/wiki/On_croit_mourir_pour_la_patrie…
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"Périsse la patrie, et que l'humanité soit sauvée."
Pierre Joseph Proudhon : La Fédération et l'unité en Italie
SOURCE :