"[...]. Que des casques bleus, envoyés dans des zones de conflits au Cambodge, au Mozambique, en Bosnie ou en Centrafrique pour protéger les populations civiles, soient accusés des pires saloperies... C'est un peu "comme entendre l'histoire d'un maître-nageur qui aurait sauté dans la piscine pour sauver quelqu'un de la noyade et lui aurait enfoncé la tête sous l'eau", lâche un haut dignitaire des Nations Unies, écoeuré. Car les faits sont gravissimes. Depuis le début des années 1990, plus de deux mille femmes ou enfants ont été abusés sexuellement par des collaborateurs de l'ONU, civils ou militaires. Ce sont par exemple des soldats qui échangeaient des rations alimentaires contre des fellations, ou un employé français de la force de maintien de la paix en République démocratique du Congo (RDC) qui aura violé une vingtaine de jeunes filles âgées de 12 à 17 ans. Face aux scandales à répétition, les patrons successifs de l'ONU n'ont cessé ces quinze dernières années d'annoncer des plans de lutte."
"Mais [...] les coupables ne sont généralement pas inquiétés. Ceci car l'organisation ne peut engager des poursuites pénales à l'encontre de son personnel, c'est aux Etats membres de le faire. Mais ceux-ci freinent des quatre fers. En attendant, l'ONU a créé en 2016 un fond pour venir en aide aux jeunes mères... qui élèvent des enfants de Casques bleus."
Marc Belpois : encadré Télérama consacré au documentaire de Sam Collyns et Ramita Navai : ONU, le scandale des abus sexuels (Grande-Bretagne, 2018, 55 mn).