médecine

A propos de l'enquête de Sylvain Louvet (France, 2015, 125 mn) : Santé : la loi du marché, Hélène Marzoff écrit, dans un encadré Télérama consacré à celui-ci :

"Notre système de santé se porte mal, très mal. [...]. L'an dernier, le trou de la Sécurité sociale dépassait les 11 milliards d'euros et, en quinze ans, la dette des hôpitaux a triplé. Depuis qu'en 2007 la tarification à l'activité a remplacé la dotation globale accordée aux établissements de santé, le secteur est victime d'une véritable dérive marchande. [...]. Fruit d'un travail minutieux, le tour d'horizon est précis, sans appel : il révèle qu'aujourd'hui, pour rentrer dans leurs frais, de nombreux hôpitaux pratiques des actes inutiles sur les patients. Qu'ils font appel à des sociétés privées d'optimisation qui pratiquent le surcodage, c'est-à-dire inventent des actes médicaux pour gonfler artificiellement les factures."

"[...] parallèlement, les firmes pharmaceutiques [...] engrangent de coquets bénéfices, en inondant le marché mondial de médicaments dont l'efficacité reste à prouver. En témoigne l'exemple précis d'un traitement anti-cholestérol, dont la mise sur le marché révèle une nébuleuse de conflits d'intérêts et le manque d'indépendance du milieu médical. [...]." 

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"LA NAISSANCE DE LA MEDECINE MODERNE"

"168 ap. J.-C. Le médecin grec Claude Galien (129 - v. 200 ou 216 ap. J.-C.)  [...] soignera, [au cours de sa carrière,] cinq empereurs romains, mais c'est avant tout à ses révolutions médicales qu'il doit sa renommée. [...] Galien démontre pour la première fois que les artères transportent du sang et non de l'air, et découvre la différence entre le sang veineux (foncé) et le sans artériel (clair). Il est aussi le premier à identifier 7 des 12 nerfs crâniens, et élabore des techniques de chirurgie du cerveau et de la cataracte."

"Galien développe la théorie des quatre humeurs qu'avait proposé le médecin grec Hippocrate au Ve siècle av. J.-C. : le sang, le phlegme, la bile jaune (tempérament colérique) et la bile noire (tempérament mélancolique) forment la constitution humaine, et la maladie se produit lorsque ces humeurs sont en déséquilibre. L'humorisme sera discrédité au XIXe siècle, mais les nombreux ouvrages de Galien en feront la théorie dominante pendant deux millénaires."

"A la suite d'Hippocrate, Galien soutient que le traitement des maladies doit reposer sur la raison et l'observation clinique, et non sur la superstition. Considéré comme le père de la médecine moderne, Hippocrate reste une figure majeure de la médecine et donne son nom au serment qui énonce le code de conduite éthique et humain que les médecins doivent respecter."

National Geographic : 100 événements qui ont changé le monde. Hors-série de septembre-octobre 2017, Ed. NG France, septembre 2017, p. 27.

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"On oublie toujours trop vite la vocation médicale de Céline. Il a cru à la médecine ("cette merde", dira-t-il plus tard), il l'a gardée comme angle privilégié de vision, sa raison comme sa déraison d'écrivain en montrent sans cesse les traces. Or voici le fond de l'affaire : il y a une humanité souffrante et qui meurt pour rien. Il faudrait la soigner, la guérir, mais c'est finalement impossible puisqu'elle s'acharne elle-même dans son malheur, et que la seule Vérité est la Mort. [...]."

Philippe Sollers (1) : Naissance de Céline : préface au livre de Louis-Ferdinand Céline : Semmelweis, Gallimard, col. L'imaginaire, 1999, p. 9 (2).

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : http://www.philippesollers.net

(2) Cf. not. : https://www.babelio.com/livres/Sollers-Celine/244262

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"Pas tous égaux face à la santé... Le constat n'est pas nouveau, mais le fossé se creuse de plus en plus, au point qu'aujourd'hui une commune sur trois en France est en pénurie de médecins et que huit millions de Français vivent dans un désert médical. Un constat édifiant rappelé par cette solide enquête, qui multiplie les exemples, comme à la Ferté-Macé, dans l'Orne, département où l'on comptabilise quatre médecins pour dix mille habitants. Alors, pour beaucoup, la solution passe par les urgences pour de simples consultations. Des hôpitaux déjà à flux tendu contraints de faire face. On connaît la suite. On sait moins en revanche que des patients vivant dans ces zones délaissées acceptent des opérations lourdes et souvent capitales dans des cliniques non autorisées à pratiquer de telles interventions."

"Les témoignages et révélations choquent d'autant plus que les autorités médicales, muettes sur le sujet, n'alertent pas sur le danger encouru par les patients. Pas plus que la Sécurité sociale ne s'émeut du commerce des dialyses faisant la fortune de néphrologues (400 euros par acte) et poussant des établissements à se spécialiser dans cette lucrative pratique tout en retardant au maximum les greffes."

"[...]."

Encadré Télérama d'Etienne Labrunie consacré à : Cash investigation Liberté, santé, inégalités, une enquête de Gabriel Garcia (France, 2021, 1h50mn).

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"AGRESSEURS EN BLOUSE BLANCHE"

"C'est un véritable tabou dans l'univers du soin. De 2011 à 2022, Xavier Deleu (1) et Julie Pichot (2) ont suivi plusieurs femmes agressées sexuellement par leur psychiatre, leur gynécologue ou leur obstétricien."

Eléonore Colin : 

"Comment avez-vous enquêté ?"

Xavier Deleu : 

"Dans les années 2010, j'ai eu vent de violences sexuelles commises par des médecins et j'ai recueilli les témoignages de patientes. [...]."

E. C. : 

"Pourquoi un tel tabou ?"

X. D. :

"On arrive à accepter l'idée des atteintes sexuelles commises par desprêtres ou des entraîneurs sportifs,mais pas par des médecins alors même qu'il y a plusieurs millions de rendez-vous médicaux chaque semaine en France, en tête-à-tête, dans le huis-clos de cabinets... [...]."

E. C. :

"A combien s'élève le nombre de victimes de médecins ?"

X. D. :

"D'après Emmanuelle Piet, présidente du collectif féministe contre le viol (3), sa plateforme téléphonique enregistre chaque année des dizaines de plaintes de femmes contre des médecins. Un tiers de ces plaintes concerne des psychiatres. On peut ainsi faire un parallèle avec l'inceste, car ces violences sont commises par quelqu'un de familier à qui on a donné sa confiance. Un mécanisme d'emprise se met en place. Cela montre qu'une agression sexuelle n'est pas nécessairement commise par un praticien qui a accès au corps de sa patiente, mais tout simplement à sa psyché."

E. C. :

"Le film dénonce aussi l'inaction du Conseil de l'Ordre des médecins..."

Julie Pichot :

"Nous ignorions que le Conseil de l'Ordre des médecins (4) est une justice parallèle qui dissimule les agressions commises par certains médecins. Cette institution pratique la loi du silence au nom de l'article 56 (5) du code de déontologie médicale (6), stipulant que "les médecins se doivent assistance dans l'adversité". De plus, ils forment une corporation puissante, qui pèse politiquement et médiatiquement. A l'Assemblée nationale, trente-quatre d'entre eux sont députés ! Et dans les villages, ils sont considérés comme des notables, des sachants bardés de diplômes qui incarnent une figure paternelle comme le curé ou l'instituteur. On leur fait confiance."

E. C. :

"Qu'est-ce qui pourrait faire bouger les lignes ?"

X. D. :

"Pour que les choses changent enfin, il devrait y avoir une obligation de la part des médecins de se saisir de toutes les affaires de violences sexuelles, au lieu de les classer et de les oublier. Outre le magistrat qui préside la séance de la chambre disciplinaire du Conseil de l'Ordre, seuls des médecins, des hommes pour la plupart, y siègent. Pourquoi les patientes ne seraient-elles pas représentées elles aussi ?"

J. P. : 

"Les victimes doivent s'adresser au Conseil départemental qui peut ne pas rendre le même avis que le Conseil régional... En réalité, tout devrait remonter au niveau national. Ne serait-ce que pour éviter la proximité géographique entre le médecin supposé agresseur et ses confrères qui le connaissent bien."

Propos recueillis pour Télérama (n° 3808 du 04/01/23, p. 75) par Eléonore Colin concernant le documentaire de Xavier Deleu et Julie Pichot : #Metoo chez les médecins (France, 2022, 1h00mn) (7). 

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://www.babelio.com/auteur/Xavier-Deleu/227991

(2) Cf. not. : https://www.editions-observatoire.com/Auteur%3AJulie_Pichot

(3) Cf. not. : https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/a-propos-du-hce/les-ancien-ne-s-membres/2019-2021/article/emmanuelle-piet

et https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2010-3-page-92.htm

(4) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_national_de_l'Ordre_des_médecins et https://www.conseil-national.medecin.fr

(5) Cf. not. : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006680562/1995-09-08

(6) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_de_déontologie_médicale_(France) 

et https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/codedeont.pdf

(7) Cf. not. : https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/67166

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"En 2018, l'Université de médecine de Tokyo a été accusée de discrimination (1). Son comité de sélection faisait en sorte de maintenir le ratio de femmes admises à 30 % du nombre total d'élèves. L'objectif ? Se prémunir contre d'hypothétiques désertions féminines pour cause de mariage ou de grossesse. [...]."

Mathilde Denanot : Le sabotage des femmes in DOSSIERS. Connaissance de l'HISTOIRE. LE FEMINISME. La lutte pour l'émancipation des femmes de l'Antiquité à nos jours, Editions du Sens, mars 2023, encadré de la page 52."

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Université_de_médecine_de_Tokyo

et https://japanization.org/33-femmes-attaquent-luniversite-de-tokyo-en-jus...