insulte

Dans son compte-rendu critique, pour le journal Télérama, du documentaire de Pierre-François Gaudry : Espèce de... L'insulte n'est pas inculte (France, 2012), Marie-Hélène Soenen écrit ceci :

"Attention, déluges d'insultes [...]. Constat paradoxal : loin d'être une pulsion bestiale, l'insulte, qui substitue les mots aux coups, est un marqueur de civilisation [selon] Freud. Partant de là, le réalisateur décortique ses raisons d'être, ses impacts ou encore sa grande richesse sémantique [...] (insultes à chaud, à froid, animalière, végétale, sexuelle, scatologique, libératrice...). Mais aussi [rappelle] que l'insulte reflète la vivacité d'une langue ou l'évolution d'une société : perçu comme xénophobe, le "fatma de Prisunic" (1) du capitaine Haddock, dans l'album Coke en stock en 1958, fut ainsi transformé en plus neutre "bayadère de carnaval" dans les éditions suivantes."

NOTE JMS :

(1) Si l'on consulte LE ROBERT Dictionnaire historique de la langue française [(sous la direction d'Alain Rey), Dictionnaires LE ROBERT, Paris, 1992] au mot fatma, on y apprend ceci :

"n. f. inv. reprend (1900) l'arabe Fâtima, nom de la fille de Mahomet et prénom très répandu parmi les musulmanes."

"Dans le contexte colonial algérien, il désignait une femme du Maghreb et spécialement, dans le français d'Afrique du Nord colonisée, une employée de maison arabe (en français d'Algérie, on disait surtout mauresque (dans ce sens). Ces valeurs ont disparues, mais l'argot français de France avait repris le mot, avec le même contenu xénophobe que mousmé* ou niakoué**, au sens général de "femme", qui a vieilli."

      SOUS-NOTES JMS :

   * Mousmé est une retranscription du japonais musume signifiant "fille" (à prendre ici dans son sens de filiation). En français du début du XXe s., ce nom désigne une fille facile.

     C'est Pierre Loti qui introduisit ce terme en France avec son roman paru en 1888 : Madame Chrysanthème. Cf. aussi la reprise de ce mot dans l'oeuvre de Marcel Proust : Du côté des Guermantes.

** Niakoué : ce mot a déjà un sens péjoratif en vietnamien ; nhà quê signifie en effet "paysan", "villageois", "péquenaud" (voir ci-dessous).

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"Les gros mots existent depuis que les hommes parlent, donc depuis très longtemps. Plus les hommes ont développé le langage, plus le vocabulaire des gros mots s'est enrichi."

"Les gros mots peuvent être utilisés dans différentes situations. D'abord, ils permettent d'exprimer la colère contre une personne, un objet, une situation (le mauvais temps, une injustice subie...). Mais ils peuvent également être utilisés de façon ciblée, quand on veut blesser quelqu'un. Les insultes les plus grossières se rapportent généralement à des animaux ou à des parties du corps [...]."

"Le pire insultes sont celles qui s'adressent à une minorité, que ce soit leur religion, leur couleur de peau, leur orientation sexuelle ou encore un handicap. Et là,nous devons tous dire stop. [...]."

Diffusé sur arte Junior Le Mag du 15 décembre 2022.

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"La frontière entre espèces fonde l'idée selon laquelle il existerait une nature quelque part, et que certains individus ne l'auraient jamais quittée, ce qui légitimerait ce qui leur arrive de plus terrible. Cette discrimination favorise ensuite toutes les autres : la hiérarchisation qui repose sur la séparation entre nature et culture finit toujours par créer de la violence, non seulement pour les animaux, mais aussi pour les catégories de population qui ne sont pas en position de domination, soit les colonisés, les femmes, les ouvriers, les handicapés... l'animalisation a permis la disqualification et la dégradation de ces êtres."

"De la mise en cage des esclaves aux expérimentations sur les corps humains par les nazis, en passant par le gavage forcé des suffragettes (1) en grève de la faim, tout ce qui a été entrepris pour dominer, exploiter, contrôler, encadrer ces humanités-là a d'abord été expérimenté sur les animaux. C'est une idée présente dans l'histoire de la gauche, de Louise Michel à Elisée Reclus (2) : si les hommes sont si violents entre eux, ce serait parce qu'ils se sont longtemps exercés sur le corps des animaux qui, eux, n'opposent pas de résistance politique. La métaphore animale est d'ailleurs un fil conducteur du racisme et du sexisme, que l'on parle de "singes" pour désigner des hommes noirs ou de "chiennes" pour des femmes. Parmi les réflexes majoritaires, on continue de croire que la comparaison avec un animal est dégradante, c'est pourquoi l'on s'en sert comme insulte."

"[...]."

""[...] [Un] souvenir très vivant dans ma mémoire est à mon sens représentatif [de ces] enjeux. C'est un après-midi d'été, dans une banlieue de l'est de la France, il fait très chaud et un animateur de quartier a installé une piscine gonflable pour le enfants, dont je fais partie. Alors que nous jouons, le chien d'une brigade de policiers saute dans la piscine et mord un petit garçon nommé Moustapha. En réaction, les habitants du quartier essaient d'éloigner le chien, mais les policiers s'interposent et  crient : "C'est vous les chiens ! " Cet épisode soulève encore en moi de nombreuses interrogations : qui est traité ici comme un animal etqui est traité comme un chien ? "

La domination se nourrit sur les bêtes : entretien de  Kaoutar Harchi avec Romain Jeanticou à propos de son livre Ainsi l'Animal et nous (chez Actes Sud, 2024, 318 p.) in Télérama 3904 du 06/11/24, p.p. 38-41.

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/suffragettehttps://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/suffragette ;

https://fr.wiktionary.org/wiki/suffragettehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Suffragette ;

https://books.openedition.org/enseditions/8033?lang=fr et https://www.a-vote.ong/les_suffragettes ;

cf. également : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Suffragettes

(2) Cf. not. : https://www.babelio.com/auteur/Elisee-Reclus/47977https://maitron.fr/spip.php?article24356 ;

https://journals.openedition.org/terrabrasilis/1864https://shs.cairn.info/revue-herodote-2005-2-page-11?lang=fr ;

https://museeprotestant.org/notice/elisee-reclus-1830-1905

et https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/concordance-des-temps/...

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"Madame"

"Combien de fois avez-vous été humiliée en public sans trouver la bonne formule pour clouer le bec aux grincheux qui vous énervent ?"

"C'est aujourd'hui le moment de ne plus vous laisser piétiner en adoptant dès aujourd'hui LA METHODE FAKIO pour savoir insulter les fâcheux avec classe"

"Après des années de recherche, le professeur FAKIO de l'Université du Minnesota a réuni tout son savoir sur les relations humaines, dans un livre que nous vous proposons d'acquérir à un prix dérisoire. Grâce à lui, vous saurez en une semaine quoi répondre pour éloigner définitivement les imbéciles qui vous importunent."

"Ecrivez à : Prof. Fakio, 12 bis rue Sarah Clurde-Bidait, Paris 16e"

Auguste Derrière : Les girafes n'aiment pas les tunnels, Le Castor Astral / Maison PoaPlume, 2015, p. 11.

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"Un jour où il prenait un bain de foule, un homme vient vers lui et lui crie : "Connard." "

"Sans se départir de son sourire, Chirac lui répond : "Enchanté, moi c'est Chirac."

SOURCE :

François Jouffa et Frédéric Pouhier : 365 jours avec Jacques et Bernadette Chirac, Tut-tut, une marque des éditions Leduc.s, 2016, p. 16.  

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"Cinq perroquets ont dûs être mis à l'écart d'un zoo anglais car ils insultaient les visiteurs ainsi que le personnel du parc animalier."

huffingtonpost.fr du 1er octobre 2020 à 11:12

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INSULTES PRESENTEES DANS LE PETIT DICO DES GENS DU NORD, D'YVES SMAGUE (LA VOIX EDITIONS, NOVEMBRE 2002, 108 p.). 

"Babache"

"NOM MASCULIN"

"Le babache, c'est l'imbécile, l'idiot du village, le simplet, celui "qui n'a pas tout son kilo", "qui n'a pas la lumière à tous les étages". Si vous n'aimez pas "babache", sachez qu'il y a  plein de synonymes comme BOUBOURSE, NONOCHE, NIG'DOULE [...]."

"L'expression : "- Et après... je les mange en salade ? - On les vendra, babache ! De sa part, un nouveau clin d'oeil en chti restait la marque d'un attachement. J'étais "l'idiot" du village, il en fallait un." (Christian Montaignac dans Maddalena (1) )."

"L'origine. A l'origine, en Flandres, "babache" désigne la joue d'un enfant et par extension un bisou. On imagine que celui qui avait de grosses joues se faisait traiter de "babache"."

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://www.amazon.fr/Maddalena-Christian-Montaignac/dp/2368033645

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"Marie-Toutoule"

"NOM FEMININ"

"Femme mal habillée, malpropre, fofolle. Par extension dans le langage populaire : homosexuel. Personnage popularisé ces dernières années par l'humoriste nordiste JeanFi Janssens (1)."

"La chanson : "Eul'café, comme dit Marie-Toutoule / C'est meilleu, avec eune tchiotte bistoule" ("Le café, comme dit Marie Toutoule, c'est meilleur avec une petite bistoule", Edmond Tanière (2) dans Eune goutte eud'jus)."

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Janssens et https://www.jeanfijanssens.fr

(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond_Tanière et https://centriris.fr/edmond-taniere

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"Merveilleux"

"NOM MASCULIN"

"Gâteau composé de deux meringues recouvertes de chantilly et enrobées de chocolat. Se rapproche de la "tête de nègre" (appellation aujourd'hui politiquement incorrecte) (1) ou de la boule choco où la crème au beurre remplaçait la chantilly. D'origine belge, le "merveilleux" (2) a été remis au goût du jour par Roger Mouille à Hazebrouck (3) puis par Frédéric Vaucaups à Lille qui a créé les boutiques Aux merveilleux de Fred (4)."

"La citation : "Il était hors de question de ne plus profiter de nos pauses-thés durant lesquelles nous engloutissons de nombreux Merveilleux de chez Fred (5). Mais depuis que je suis enceinte, je ne me soucie plus de savoir où ce sucre tombe" [Lhattie Haniel (6) dans Keep calm & ne tombe pas amoureuse de ton boss (7)]."

NOTES JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tête_au_chocolat

(2) Cf.not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Merveilleux_(gâteau)

(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hazebrouck ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Canton_d'Hazebrouck

et https://www.ville-hazebrouck.fr

(4) Cf. not. : https://auxmerveilleux.com

(5) Voir note ci-dessus.

(6) Cf. not. : https://www.babelio.com/auteur/Lhattie-Haniel/325307

(7) Cf. not. : https://www.babelio.com/livres/Haniel-Keep-calm-ne-tombe-pas-amoureuse-de-ton-boss/1325711

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ETYMOLOGIES DES INSULTES ET DES INJURES A CARACTERE ANTISEMITE, RACISTE ET/OU XENOPHOBE PRESENTES DANS LE DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANCAISE, SOUS LA DIRECTION D'ALAIN REY, DICTIONNAIRES LE ROBERT, 2010.

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"AMERLO (1934) ou AMERLOQUE (1945) et, par aphérèse, RICAIN, AINE (1948), [...] sont devenus familiers et ne sont pas péjoratifs."

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"BICOT n. m., terme raciste, est l'aphérèse (1) d'arbicot, dérivé de arbi, arabe.

¤ Terme injurieux (1892), adressé aux Maghrébins. Il a vieilli, mais l'abréviation bic s'est employé plus longtemps."

NOTE :

(1) APHERESE (n. f.) : en grammaire et en rhétorique, ce mot désigne le retranchement du début d'un mot. Il s'oppose au mot apocope qui signifie, quant à lui, le retranchement de la fin d'un mot.

Ces deux mots ont été employés en chirurgie pour désigner une fracture avec perte osseuse (v. 1740).

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"BOCHE n. et adj. d'abord attesté dans l'expression populaire têtes de boches au pluriel (1862, à Metz, puis les boches 1879) est soit une spécialisation de sens de la même expression signifiant "tête dure", où boche serait issu, par aphérèse, soit de caboche "tête", soit de alboche, "allemand" (av. 1870). Ce dernier représente lui-même une altération de allemand, d'après tête de boche ou d'après -boche devenu une espèce de suffixe argotique, en raison de son emploi dans des mots comme comme rigolboche (1860)."

"¤ A la veille de la Première Guerre mondiale, boche avait concurremment les deux significations "Allemand" et, en locution, "tête dure". La réputation de lourdauds, de brutes, attribuée aux Allemands par la propagande française des années 1910 et plus encore des années de guerre, a provoqué la fusion des deux sens. Ainsi s'explique le succès du mot (attesté en emploi indépendant depuis 1886 dans l'argot militaire) de 1914 à 1950. Puis boche est tombé en désuétude après la réconciliation des années 1950 entre l'Allemagne et la France. Il était déjà concurrencé par des termes, moins péjoratifs, appliqués aux occupants allemands en 1941 - 1945 (fritz, fridolin, schleu...)."

BOCHERIE n. f. "caractère du boche", "ensemble des boches" (1914), est sorti d'usage avant la Seconde Guerre mondiale."

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"BOUGNOUL n. m. est emprunté (1890) à un mot de la langue ouolof (1) (Sénégal), bou-gnoul "noir" employé comme terme péjoratif à l'égard des Africains européanisés." 

"¤ Le mot, introduit par l'argot de la marine et de l'infanterie coloniale, a d'abord désigné péjorativement un individu corvéable. L'expression train bougnoul, relevé à Brest (1911), désignait un train servant surtout aux paysans. Le mot s'est répandu comme un terme raciste injurieux : d'abord à l'égard des Africains, des Noirs et des métis en général (1932) et, par extension, dans le langage raciste, à l'égard des Maghrébins, sens devenu dominant. Il est parfois écrit bounioul."

BOUGNOULISER v. (1935), employé surtout au passif et à la forme pronominale, a signifié "faire souche avec une Noire", manifestant l'importance des questions sexuelles dans l'attitude raciste, puis "rendre bougnoul", c'est-à-dire africain ou maghrébin."

BOUGNOULISATION n. f. (v. 1970) se réfère particulièrement à l'installation de nombreux travailleurs immigrés (maghrébins) dans un lieu ; par extension, il s'applique à l'assimilation de travailleurs immigrés (1972). Tous les mots de la série sont xénophobes et racistes."

NOTE JMS :

(1) Le ouolof ou wolof est une langue de la famille nigéro-congolaise (branche nord). Elle est la principale langue du Sénégal, est également utilisée en Gambie, et fait l'objet d'un enseignement dans tout le Sénégal en tant que langue véhiculaire (SOURCE : Dictionnaire historique de la langue française).

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"CHINETOQUE n. et adj. (1918) est une déformation xénophobe, voire raciste, de chinois apparue dans l'argot des marins, avec un  élément -toque évoquant la bizarrerie ([cf.] toqué]."

"CHINOIS [...]."

"¤ Adjectif et substantif ethnique, nom de la langue parlée en Chine, chinois a développé (surtout au XIXe s.) quelques sens figurés liés à la place de ce pays dans l'imaginaire français, notamment avec des connotations de raffinement cruel [supplice chinois (1)], de subtilité intellectuelle ou de bizarrerie. Du chinois désigne au figuré une langage incompréhensible (1790), référence à l'écriture [Cf. c'est de l'hébreu (2)]. Un chinois s'applique à un homme bizarre ou qui subtilise à l'excès (1820). [...]."

Chinois a produit CHINOISERIE n.f. (1836, Balzac), "objet dans le goût chinois", contemporain de la vogue décorative des motifs chinois en Europe, et, au figuré, "bizarrerie" (1845), et CHINOISER v (1841, Balzac) "rendre chinois" et, familièrement, "être pointilleux". [...]."

NOTE JMS :

(1) Voici ce qu'en dit le Dictionnaire historique de la langue française au mot SUPPLICE :

"[...]. Supplice chinois "supplice très raffiné" (déb. XXe s.) fait référence aux tortures pratiquées dans l'ancienne Chine et s'emploie au figuré à propos de tourments cruels. [...]."

(2) Voici ce qu'en  dit le Dictionnaire historique de la langue française au mot HEBREU :

"[...]. ¤ Sans doute par référence aux caractères de l'écriture, le mot est utilisé dans la locution figurée c'est de l'hébreu "c'est inintelligible" (1530, parler en hebrieu). [...]"

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"CHLEU ou CHLEUH adj. et n., d'abord Chellouh (1866) puis chleuh (1891), est emprunté à l'arabe du Maroc selh, dans sa forme du pluriel slöh, nom d'une tribu du Maroc, sölha étant le nom de sa langue."

"¤ Le mot a été introduit une première fois didactiquement pour ce qui se rapporte aux populations berbères du Maroc occidental, à leur langue. En français du Maghreb, le mot peut étendre son sens et correspondre à "berbère". Au cours de la Première Guerre mondiale, il a été repris par des soldats combattant au Maroc, comme désignation d'un soldat des troupes territoriales, et introduit en  France vers 1933. ¤ D'abord appliqué dans l'est de la France à un frontalier parlant une autre langue que le français - comtois ou alsacien - (1936), il s'est spécialisé au sens de "personne allemande ou de langue allemande" (1939) et spécialement, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, "soldat allemand" (1940)."

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"CROUILLE ou CROULLIAT n. m. est un emprunt (1917) à l'arabe algérien hûya "frère", entendu comme appellatif entre soldats maghrébins et transformés en français en terme injurieux et raciste pour "maghrébin", par la même péjoration raciste qui a frappé le mot sidi. Répandu par l'argot dans les années 1930, le mot fait partie du répertoire raciste : heureusement il a vieilli." (1)

NOTE JMS :

(1) A ce propos, on peut lire ceci, à la page 49 de Toutes les familles heureuses, de Hervé Le Tellier (chez Jean-Claude Lattès, août 2017 ; rééd. Le Livre de Poche, mars 2021, 192 p.) :

"Je dois à la vérité de dire que tout n'était pas honorable chez Grand-papa. J'ai préféré oublier son mépris des "Nord-Africains", de ces paysans devenus les "bras de la France" : trois mille à Panhard porte de Choisy, trois mille cinq cents quai de Javel chez Citroën. C'est bien chez nous que j'ai entendu le mot "crouille", cette civilité - puisque khuya signifie "mon frère" - devenue une insulte. Peu après sa mort, j'en reparlai à ma mère : "Il était de son époque", l'excusait-elle. Je n'étais pas d'accord."

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"FRANKAOUI ou FRANCAOUI n. (déb. XXe, de français, avec un élément final arabe), utilisé péjorativement en Afrique du Nord avant l'indépendance par les autochtones d'origine européenne (ou pieds-noirs), désignait les Français de Métropole."

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"FRANSQUILLON n. m., emprunt (1836 dans Th. Gautier) au wallon franskilion (1739), de français avec un suffixe péjoratif, désigne parfois en Belgique francophone une personne qui parle avec des tournures et l'accent du français parisien et, en Belgique néerlandophone, un francophone. Par extension, il s'emploie péjorativement pour "français" (1910). On relève en argot francillon dès le XVIIe s. (1628 ; 1594 à Anvers)."

"FRANSQUILLONER v. tr. correspond en Belgique à "s'exprimer comme les Français."

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"FRANCHOUILLARD, ARDE adj. (1967) "français de manière chauvine ou mesquine""

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METEQUE n. m., d'abord écrit mestèque (1743) puis métèque (1840), est un emprunt des historiens de l'Antiquité au grec metoikos. Le mot était employé à Athènes à l'époque classique pour désigner une catégorie d'étrangers qui, moyennant certaines obligations, avaient le droit de résider sur le territoire de la cité et de s'y livrer à leurs activités professionnelles sans être toutefois citoyens. Le mot est formé de meta (cf. méta-) et de oikos "maison, lieu ou l'on habite, patrie" (cf. économie, oecuménique). Le mot signifie donc proprement "qui change de résidence".

"¤ En français, métèque, introduit par les historiens de la Grèce antique, a pris par extension un sens péjoratif : "étranger dont l'allure, le comportement n'inspirent pas confiance" [1894, Maurras (1)] avec un valeur nettement xénophobe. Cet usage extensif correspond à la réaction de défense nationaliste (et souvent raciste) contre le cosmopolitisme, vers la fin du XIXe s. (Cf. aussi rastaquouère, le vocabulaire antisémite, etc.)."

NOTE JMS :

(1) Charles Maurras (1868-1952) est un "théoricien et homme politique français. Il fit de l'Action française l'instrument de son combat contre le régime politique républicain, jugé mortellement dangereux pour la France. Prompt à pourfendre les fauteurs supposés de la désagrégation nationale (protestants, franc-maçons, Juifs, etc.), il s'efforça de démontrer la nécessité de la restauration monarchique, croisant les thèmes de l'empirisme organisateur" et du "nationalisme intégral" (Enquête sur la monarchie, 1900-1909 ; L'Avenir de l'intelligence, 1905). Sa valorisation froidement politique du rôle de l'Eglise mena à la condamnation de l'Action française par Rome (1926). Il soutint le maréchal Pétain, et fut condamné, en 1945, à la détention perpétuelle. Il fut aussi un écrivain à l'esthétique néoclassique (Les Amants de Venise, 1902). [Académie française, radié en 1945]." (Petit Larousse illustré 2014, Larousse, 2013).

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"NEGRE n. et adj. est emprunté (1529) (1) à l'espagnol negro "personne de race noire" (XVe s.), sens spécialisé de l'adjectif signifiant en général "noir" (1140), lequel est dérivé du latin de même sens niger [...]."

"[...] Adjectivé au sens de "qui appartient à la race noire" (1759), il entre dans les expressions race nègre (1814), aujourd'hui remplacé par race noire, et, au XXe s., art nègre (1922, chez Proust mais antérieur). ¤ Le mot est souvent évité pour sa valeur péjorative et raciste, sauf quand il est employé par les Noirs eux-mêmes, ceci surtout depuis la prise de conscience d'une spécificité culturelle, liée aux mouvements de décolonisation du milieu du XXe s. (2). [...]. Dès le XIXe s., le nom entre dans le composé tête de nègre adj. et n. m. invariable (1822) "de couleur brun foncé" puis désignant spécialement un bolet à chapeau brun et une patisserie consistant en une bouchée de chocolat fourrée de blanc d'oeuf. C'est au XVIIIe s. (attesté en 1757) qu'apparaît un sens figuré faisant allusion à l'esclavage, pour "personne qui écrit anonymement un texte signé par une autre personne". Cette emploi est aujourd'hui, malgré la démotivation, marqué comme raciste et l'on donne en exemple la métaphore de l'anglais sur "fantôme" (ghostwriter). ¤ Au XIXe s., par allusion à la langue de communication élémentaire utilisée dans l'armée et l'administration coloniales françaises et appelée en Afrique petit français, et par pur racisme, puisque l'expression s'applique aussi aux troupes du Maghreb, l'expression petit nègre prend le sens de "mauvais français" (1877 ; dès 1857, parler nègre). Cette expression ne s'emploie plus, mais on y fait encore allusion. D'autres emplois populaires témoignent du racisme colonialiste, depuis le nègre "ballot enveloppé de toile cirée noire" (dans Vidocq, 1836, aussi négresse, dans Eugène Sue) jusqu'au sens de "petit aide à tout faire" (1878) dont le sémantisme est celui des expressions du XVIIIe s. [...], et au XXe s., l'expression un combat de nègres dans un tunnel, probablement née dans les ateliers de peinture à propos d'une image trop sombre (3). [...]."

"[...]. Le terme populaire NEGRO n. m. est un réemprunt à l'espagnol negro "noir" quand il est employé par Mérimée (1845), mais pouvait être perçu comme suffixé populaire en -o de nègre quand il se diffuse (années 1880). Le mot est d'abord familier, mais, depuis que nègre est senti lui-même comme péjoratif, nettement insultant et raciste (comme nigger en anglais). Proust atteste l'emploi du mot au début du XXe s. dans le vocabulaire "innocemment" raciste des gens chic ("moi, nègre, mais toi, chameau !"). ¤ NEGROIDE adj. (1870) est un terme d'anthropologie physique qui fut exploité par le racisme. [...]. NEGRIFIER v tr. [1939, Vermeil, Le Racisme allemand (4)] est sorti d'usage."

NOTES JMS :

(1) Dans Deux siècles d'esclavage, infographie par Mehdi Benyezzar, il est par contre écrit que le mot "nègre" apparaît dans la langue française en 1516 (à la page 6 du Hors-série de L'OBS n° 107 intitulé Esclavage. Une histoire française, avril 2021, 98 p.). 

(2) Cf. notre Dictionnaire des citations au mot négritude.

(3) En réaction à certaines oeuvres impressionnistes (Whistler, Monet), Paul Bilhaud signe, en 1882, son Combat de nègres dans un tunnel et en 1887, son ami Alphonse Allais : Combat de nègres dans une cave, la nuit, l'un de sa série de sept monochromes.

(4) Edmond Vermeil (a) : Le Racisme allemand. Essai de mise au point, Races et racisme Groupement d'études et d'information, 47, rue de Miromesnil, Paris, 1938, 61 p. ; repris aux Carnets de l'actualité en 1939.

SOUS-NOTE JMS :

(a) Edmond-Joachim Vermeil (1878-1964) est un universitaire allemand (professeur à la Sorbonne) spécialisé dans l'histoire et la civilisation allemande. Calviniste libéral, il fut Résistant durant la Seconde Guerre mondiale et rejoignit le Général de Gaulle à Londres.

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"NIAQOUE,EE ou NIAKOUE, EE adj. et n. désignation raciste et colonialiste de l'Indochinois et, par extension, de l'Asiatique, est un emprunt au vietnamien nha-koué "paysan". Le mot est dans Mac Orlan en 1918, écrit niacoué (1937) et abrégé en NIAC adj. et n."

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"PARIGOT, OT(T)E adj. et n. (1886) constitue le synonyme familier de parisien, formé par substitution du suffixe argotique -got à -ien. Le mot a des connotations toutes différentes de celles de parisien ; il correspond à "faubourien" (accent parigot), avec une idée de gaieté populaire. Une formule de dérision, qui fut célèbre parmi les ruraux et les provinciaux, est parigot, tête de veau (complétée par parisien, tête de chien !)."

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"POLAQUE ou POLAK n. est emprunté (1512) à polak, forme abrégée de polanin [...]. Le mot, aussi adjectif au XIXe s. (1540), est alors neutre. ¤ Sa reprise au XXe s. avec une valeur péjorative et xénophobe est un réemprunt ou une suffixation populaire d'après les noms en -ak d'immigrants polonais."

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"RASTAQUOUERE n. m. et adj. est l'emprunt déformé (1880) d'un mot espagnol d'Amérique (notamment argentin), arrastacuero ou rastracuero "personne méprisable", proprement "traîne-cuir" ou "ratisse-cuir", du verbe arrastrar "ratisser" (et "traîner" en espagnol de la Péninsule, de rastro "râteau", lui-même du latin raster de même sens (cf. rateau) et de cuero "cuir" du latin corium qui a donné cuir. Le mot, employé pour désigner un parvenu, se comprend peut-être par allusion aux culottes ou jambières de cuir signalant en Argentine l'ancien gaucho ou l'ancien vacher enrichi ; en outre, beaucoup devaient leur enrichissement spectaculaire au commerce des cuirs et des peaux ("ratisse-cuir" pouvant équivaloir à "tanneur") ; on peut aussi partir de "ratisser les porte-feuilles", cuero "cuir" pris par métonymie pour "portefeuilles", impliquant l'étalage de sa richesse."

"¤ Le mot, quelquefois écrit rastacouère (1880) et abrégé familièrement en RASTA (1) (1886), désigne péjorativement un étranger ayant gardé qqchose d'exotique et étalant un luxe suspect et de mauvais goût. Par extension, il se dit d'un aventurier de bas étage. Il est également employé comme adjectif. Les deux emplois, qui traduisent la xénophobie de l'époque (Cf. métèque), ont vieilli."

"¤ On en a dérivé RASTAQUOUERISME n. m. (1882), péjorative pour l'attitude faite de fatuité et d'arrogance du rastaquouère."

NOTE JMS :

(1) Qu'il ne faut pas confondre avec son homonyme homographe et homophone RASTA, n. et adj. abrègement (1979) de RASTAFARI n. et adj. (1976), du nom du ras Tafari Makkonen, couronné empereur d'Ethiopie sous le nom d'Haïlé Sélassié et considéré comme le messie noir. Ras, emprunt à l'arabe rass, "chef, tête" est le titre le plus élevé en Ethiopie, après celui de négus ; il a été emprunté en ce sens sous les formes arraze (1556), eras (1614) qui ont disparu, puis ras (1683).

"¤ Le mot, qui désigne un adepte du retour culturel à l'Afrique et de la musique raggae, vient de la Jamaïque, où il désigne d'abord le membre d'une secte messianique. Les traits retenus en Europe sont essentiellement la musique et la coiffure en nombreuses petites nattes."

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"RITAL (1890) adj. et nom, mot [argotique] parfois péjoratif mais non insultant, qui a éliminé les dérivés populaires italboche (1889, formé comme alboche [cf.] boche), italo (1894) et italgo (1899, avec influence formelle très probable de hidalgo), malgré la référence nationale différente."

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"RUSSKOF (1) L'argot, avec un suffixe pseudo-russe, a créé [ce mot] adj. et nom pour russe, familier, mais non péjoratif." 

NOTE JMS :

(1) Les Russkoffs est un roman de François Cavanna paru en 1979 aux éd. Belfond et ayant reçu le prix Interallié la même année. C'est le deuxième volume de son autobiographie (vol. I : Les Ritals, Belfond, 1978).

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"SIDI n. m. est d'abord attesté dans une traduction de l'italien (vers 1540), puis dans des écrits concernant le Maroc [...]. C'est un emprunt à l'arabe moderne Sidi (en arabe classique Sâyyîdî) "mon seigneur" qui équivaut au français monsieur, mot placé devant le nom de la personne à qui l'on s'adresse ou dont on parle. Le mot a donné Cid en espagnol (1)."

"¤ Dans ses premières attestations, sidi est employé, avec la valeur de l'arabe, d'abord noble ("seigneur" ; Cf. Cid en espagnol), puis honorable ("monsieur"). [...]. ¤ Ils n'ont rien à voir avec la diffusion du mot au XXe s., réemprunt de l'arabe d'Algérie par l'armée et les colons français pour désigner les soldats ou les manoeuvres nord-africains (attesté en 1928).  Puis sidi est employé comme terme péjoratif et méprisant dans le vocabulaire raciste, un sidi désignant, surtout en France, un Algérien petit commerçant, vendeur de tapis, etc. Ces emplois péjoratifs sont sortis d'usage [...]."

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Cid ; cf. également : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Cid_(Corneille) ; https://www.babelio.com/livres/Corneille-Le-Cid/1722 et https://www.franceculture.fr/oeuvre/le-cid

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"YOUDE n. et adj. xénophobe,  raciste, relevé vers 1940, vient de l'allemand Jude "juif" [...]."

"¤ Le mot est employé comme insulte raciste à l'égard des juifs et, péjorativement, pour "avare". Il a vieilli."

"¤ D'autres mots apparentés sont ou furent utilisés dans le vocabulaire raciste. YOUTRE n. et adj. reprend (1828) l'allemand dialectal Juder et a aussi été écrit (fin XIXe s.) ioutre, ïoutre. Rendu encore plus violent par la paronymie de la finale avec foutre, il est devenu rare. ¤ La forme ioudi (1853), devenu youdi (1858), vient, comme le plus ancien yaoudi (1847), de l'arabe d'Afrique du Nord yhûdi, en arabe classique yahûdi. ¤ YOUPIN, INE n. représente (1878) une déformation argotique de youdi ; il est familier et un peu moins agressif mais injurieux et raciste. Ces mots ont été surtout en usage dans les périodes de fort antisémitisme, de 1880 à 1900 [affaire Dreyfus (1)] et de 1930 à 1949-1944, alors liés à la propagande nazie."

NOTE JMS :

(1) Condamnation, fin 1894, du capitaine de l'armée française Alfred Dreyfus (juif alsacien), accusé faussement de trahison, puis innocenté. Ce procès divisera la France entre dreyfusards (convaincus de son innocence) et antidreyfusards (convaincus, quant à eux, de sa culpabilité) de 1894 à 1906. Emile Zola (1840-1902) a pris sa défense dans sa célèbre Lettre au Président de la République (Félix Faure, à l'époque) qui fit la une du journal L'Aurore du 13 janvier 1898 (dont les vente passèrent, ce jour-là, de 30 000 à 300 000).

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ETYMOLOGIE DES INSULTES ET DES INJURES CONCERNANT LES FEMMES ET LES HOMMES PRESENTES DANS LE DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANCAISE, SOUS LA DIRECTION D'ALAIN REY, EDITIONS LE ROBERT, 2010.

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1. CONCERNANT LES FEMMES :

"CONNASSE n. f. est la désignation péjorative du sexe de la femme (1610) et signifie au figuré "femme bête"."

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"PUTAIN n. f. est l'ancien cas régime en -ain (v. 1121) [...], de l'ancien français put, pute, adjectif courant jusqu'au XVe s. au sens de "puant, sale" [...]. Le mot est issu (1080) du latin putidus "pourri, gâté, puant, fétide" et, moralement, "qui sent l'affectation", dérivé de putere "pourrir, se corrompre" (cf. puer). Put, pute, proprement "puant", a pris dès les premiers textes le sens figuré de "sale, mauvais, vil, odieux, s'appliquant particulièrement à une femme lascive, débauchée. L'ancien provençal a également put "mauvais" et "débauché" et, au féminin, puta, et putana (doù l'italien putana, l'espagnol puta). De nos jours, put vit encore dans les dialectes de l'Est au sens de "laid"."

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"SALOPE n. f. et adj. [...]."

"¤ Le mot, qui désigne d'abord une femme sale, s'est appliqué à une personne (homme ou femme) très malpropre (1690), sens disparu en français de France, mais vivant en français du Québec (petite salope, à une fillette sale). ¤ De l'idée de "saleté, souillure", on passe au sens de "femme dévergondée" (1775), "prostituée" (1808), par un glissement sémantique courant en français. Salope s'utilise ensuite comme terme d'injure pour une femme (1877, Zola), rattaché alors à salaud, dont il est devenu le féminin, puis comme terme intensif de mépris attaché à un homme."

"[...]. Le composé MARIE-SALOPE n. f. de Marie, nom donné couramment à des bateaux, désigne d'abord (1777) un bateau à fond mobile qui conduit en haute mer les produits de dragage. ¤ Le mot a vieilli aux sens de "femme malpropre" (1831) ou de "prostituée" (1867)."

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2. CONCERNANT LES HOMMES :

"MIRER v. tr. est issu (v. 1165) du latin mirari "s'étonner, être surpris" d'où"regarder avec étonnement, admirer", de mirus "étonnant, étrange, merveilleux". [...]."

"Le plus ancien de ses dérivés est MIROIR n. m. [...]. L'expression vulgaire miroir à putains [1640 dans Oudin (1)] a donné lieu depuis la fin du XIXe siècle a diverses variantes (miroir à gonzesses, à pouffiasses, à garces...) pour "homme à femmes, séducteur vulgaire". [...]."

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Oudin

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"[...]. ¤ SALAUD, AUDE n. et adj. est sorti d'usage au sens de "personne très sale" (1584 ; XIIIe s. selon Dauzat). Le mot d'emploie familièrement (1798) comme terme d'injure, puis équivaut à "personne moralement répugnante" (mil. XIXe s.) et à "homme salace" ; dans ce cas, il n'y a pas forcément de péjoration, l'état de moeurs valorisant la liberté sexuelle chez l'homme ; à l'inverse, cette liberté est dépréciée chez la femme dans l'emploi de salope. Le féminin salaude (1584 ; "prostituée" (1798) ne s'emploie plus, supplanté par salope. [...]."

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"SALIGAUD n. m. [...]."

"¤ Saligaud est atteste vers 1380 en wallon comme épithète injurieuse. Au début du XVIIe s. (1611) en emploi adjectivé, il qualifie une personne négligente dans sa mise, sale, d'où l'emploi substantivé moderne et familier pour une personne sale (1656, saligot et saligaud) ¤ Par figure, saligaud se dit (1866) d'une personne qui agit de manière moralement répugnante."

"¤ La variante graphique saligot, saligote "femme sale" (1821) a fourni le dérivé SALIGOTER v. tr. ou saligauder (1859) "salir" (fin XIXe s.), qui se dit familièrement pour "faire très mal (un travail), comme saloper."

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"SALOP n. m. (1837), sorti d'usage à cause de la paronymie avec salaud (1), signifiait "individu méchant".

NOTE JMS :

(1) Je dirais plutôt qu'il s'agit ici d'une homonymie non homographe et non d'une paronymie (JMS).

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"[...]. ¤ SALOPARD n. m. est d'abord attesté comme terme d'argot militaire (1911), nom injurieux par lequel les soldats français désignaient les dissidents marocains aux ordres d'Abd el-Krim (1). ¤ Ce mot est sans doute beaucoup plus ancien, la forme chalopparde étant relevé en 1752. Il s'emploie couramment pour salaud, en moins injurieux. [...]."

NOTE JMS :

(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelkrim_el-Khattabihttps://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1947_num_12_3_5495 ;

https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1231?lang=en ; voir également : https://www.babelio.com/liste/8184/La-guerre-du-Rif