FBI

Dans un encadré Télérama consacré au magazine Spécial investigation, enquête sur la (T)erreur (par Lyric R.Cabral et David Felix Sutcliff, USA, 2015, 55 mn. Inédit), Emmanuelle Skyvington écrit :

"Quand Saeed est chez lui, l'homme ne vit que pour son fils : il lui lit des histoires et confectionne pâtisseries et gâteaux. Mais, régulièrement, cet Américain, ex-Black Panther d'origine afro-américaine, de confession musulmane, change d'identité et part travailler quelques semaines : il fait partie du réseau de quinze mille informateurs rémunérés mis en place par le FBI au lendemain du 11-Septembre. Au mot "informateur", Saeed préfère celui de civil "infiltré" : "Je suis une ombre, un fantôme", résume-t-il. Pour la première fois de sa longue carrière d'indic, l'homme a accepté qu'une caméra le suive à Pittsburgh (Pennsylvanie), où le FBI lui a demandé d'approcher un jeune père de famille, Khalifah Al-Akili, soupçonné d'intentions terroristes. Si Saeed, alia Shariff, réussit cette mission, il espère empocher 200 000 dollars et se consacrer entièrement à l'éducation de son fiston."

"[...] (T)erreur relève d'abord d'une prouesse, celle des réalisateurs, qui ont dressé un portrait fin et intime de l'informateur, confronté aux ordres - judicieux ou foireux - du FBI. Mais ils ont également proposé à la "cible", le fameux Khalifah Al-Akili, de s'exprimer, après que ce dernier a manifesté, sur son compte Facebook, sa certitude d'être surveillé. Si le FBI gère la localisation de la planque et distribue chaque semaine une maigre enveloppe à son indicateur, le reste (protection de l'agent infiltré, chasse au terroriste...) doit tout à une gestion de jean-foutre, d'où les graves irrégularités que met en évidence ce film politique. Une enquête qui se déguste tour à tour comme un remarquable thriller ou la chronique d'un triste fiasco."