"La raison nous conseille de dîner le moins possible dans les maisons où le personnel n'est pas traité avec égard."
"Le crachat constituant la représaille instinctive du domestique mécontent, on n'y mange que des crachats accommodés à toutes les sauces, et le repas qui vous est offert manque ainsi au premier de ses devoirs : la variété dans les mets."
Georges Courteline : La philosophie de Georges Courteline, éd. Mille et une nuits, mars 2009, p. 46.
__________________________________________________
"Quand lama fâché, senor, lui toujours faire ainsi..."
Un petit Péruvien au capitaine Haddock après que ce dernier se soit fait cracher en pleine figure par un lama.
in Hergé : Tintin et le Temple du Soleil, éd. Casterman, col. Tintin, 1949, tome XIV, p. 2.
__________________________________________________
"[...]."
"Dans la phase primitive, tout le monde crache partout. Cette période assez pénible dure jusqu'au XVIe siècle. On signale quand même ça et là au Moyen Âge quelques empêcheurs de cracher en rond qui précisent : "Ne crache pas par-dessus la table ni sur la table" [conseille The Babees Book (1)]."
"Enfin Erasme vint. Le célèbre humaniste se penche sur la question. Il publie ses conclusions dans son fameux traité de savoir-vivre De civilitate morum puerilium (2) ; "Crache en te détournant, pour ne souiller ni n'asperger personne. Si quelques saletés tombe à terre, il faut l'écraser avec le pied, pour qu'elle ne dégoûte personne."
"Une nouvelle problématique du crachat émerge. En lui-même, du point de vue de la substance, il n'est pas mauvais. Tout dépend des contingences de lieu et de temps. Autrement dit : où et quand cracher ? Erasme n'envisageait pas du tout de réprimer le crachat. Dans le même ouvrage, il précisait même qu'il était impoli d'avaler sa salive, ce que tout le monde a approuvé jusqu'au XVIIIe siècle. Même J.-B. de La Salle (3), un des esprits les plus coincés du XVIIe, devait concéder en 1678 qu'on ne doit pas s'abstenir de cracher."
"Mais, troisième acte, au XIXe siècle, la lutte contre la tuberculose étend ses ravages. Il ne s'agit plus comme avant de contrôler le crachat mais de le réprimer purement et simplement. Seule solution : tout ravaler, ce qui aurait scandalisé nos aïeux."
Frédéric Pagès : Au vrai chic anatomique, Points/Seuil, col. "Inédit Virgule", 1983, pp. 132-133.
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : http://yorku.ca/inpar/babees_rickert.pdf
(2) Cf. not. : https://data.bnf.fr/15097638/erasme_de_civilitate_morum_puerilium et https://fr.wikisource.org/wiki/La_Civilité_puérile/Notice
(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_de_la_Salle, https://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-baptiste-de-la-salle et https://nominis.cef.fr/contenus/saint/931/Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle.html
__________________________________________________
"Ce n'est pas moi qui veut faire du cinéma, c'est le cinéma qui jaillit de moi et malgré moi. Je le vomis. J'ai ingurgité beaucoup de choses pendant les cinquante années de ma vie. Maintenant, je les rejette. Mes films sont des crachats où l'on trouve des filaments de sang."
Takeshi Kitano
SOURCE :
Philippe Piazzo : L'anar permanent in Télérama n° 2466 du 16 avril 1997, pp. 30-32.