"Cousin (1) vient au secours de l'ignorantisme par une mise en suspicion formelle de l'instruction. Selon lui, elle n'est qu'un instrument dangereux, plus propre à blesser qu'à guérir. C'est l'éducation qui moralise et l'éducation n'est salutaire qu'à la condition de se trouver dans la main des prêtres : "Si dans nombre de pays l'instruction primaire a produit de bons effet, c'est qu'elle n'était pas la préparation à la lecture des mauvais livres semés par les colporteurs, mais à l'étude de la Bible.[...].""
"C'est tout bonnement la théorie de l'inquisition : suppression de l'examen, de la discussion, de la presse, asservissement des population à une doctrine religieuse, à un enseignement dogmatique, despote des consciences et dominateur des intelligences, placé en dehors et au-dessus de tout examen ! La controverse est un blasphème ; la contradiction un attentat. La pensée est désormais rivée à un dogme inviolable, l'esprit humain enchaîné à une doctrine sacro-sainte hors de laquelle tout est crime et abomination. L'homme ne s'appartient plus. L'autorité de la raison est anéantie. [...]."
(Bibl. Nat., Mts français, N.A., 9581, n° 74.)
Auguste Blanqui : Ni Dieu ni Maître, Aden, col. "opium du peuple", Bruxelles, 2009, pp. 56/58.
NOTE JMS :
(1) Victor Cousin (1792-1867) a été ministre de l'instruction publlique sous le second gouvernement Thiers du 1er mars au 28 octobre 1840.