blasphème

"[...]. [Harvey Keitel (1) est] surnommé "le blasphémateur" (2) dans son quartier de Little Odessa (3) parce que, adolescent, il crache sur les mézouzot (4) pour voir si Dieu réagit [...]."

Guillemette Odicino : encadré Télérama consacré au documentaire de Stéphane Benhamou et Erwan Le Gall : Harveil Keitel. A l'ombre des ténèbres (France, 2023, 55 mn) (5).

NOTES JMS :

(1) Cf. not. :https://en.wikipedia.org/wiki/Harvey_Keitel et https://fr.wikipedia.org/wiki/Harvey_Keitel

(2) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/blasphème ; https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/blaspheme ;

http://fr.wiktionary.org/wiki/blasphème et https://fr.wikipedia.org/wiki/Blasphème

(3) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Brighton_Beach ;  https://fr.wikipedia.org/wiki/Brighton_Beach

et https://www.nyc.fr/visiter-new-york/plages/brighton-beach

(4) Cf. not. : https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/mezouzah

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mezouzahhttps://levjudaica.com/pourquoi-la-mezouza-est-elle-de-travers

et https://www.loubavitch.fr/etude/question-reponses/1765-qu-est-ce-qu-une-... ;

(5) Cf. not. : https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/71777_0

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"[...]. Les titres des deux premiers livres de Genet sont des références conscientes à un univers religieux et le vocabulaire est celui de l'église catholique : miracle (1), Notre-Dame (2)... "Mon récit puisé dans ma honte s'exhalte et m'éblouit", écrit-il dans Miracle de la rose, en citant La Légende dorée (3). En  inversant les valeurs de l'abjection et du sacré, Genet s'inscrit dans la lignée de Sade, mais aussi de Marcel Jouhandeau, comme l'a souligné Sartre. L'exaltation sexuelle use d'un vocabulaire mystique dont l'effet est blasphématoire, mais pas toujours l'intention. Si son  adoration du corps masculin, son admiration de la crapulerie, sa célébration de la trahison et du vol empruntent toujours une voie indirecte ou un ton ironique et provocant, ce sont souvent de simples prières qui, assurément, rejoignent certains poèmes mystiques qu'il imite plus ou moins volontairement. Les innombrables références théologiques que contient Un captif amoureux (4) n'ont pas, contrairement aux premiers livres, une destination profanatoire. Dieu est omniprésent dans ce récit, du fait même de son contenu politico-religieux, puisque la tradition hébraïque, le destin du peuple juif et son antagonisme avec le monde arabe en sont au centre. Dans l'un de ses raisonnements Genet s'imagine même juif. Et, dans un autre, il discute avec un Syrien des preuves de l'existence de Dieu par celle du mal (et non du bien). Pour le premier, le mal prouve la transcendance de Dieu. Pour l'autre, le mal prouve l'imperfection divine. Un dialogue qui, en d'autres temps, mériterait le bûcher. "Si Dieu n'existait pas, tu ne serais pas ici. Le monde se serait créé lui-même et le monde serait bon. Il n'est pas Dieu. Le monde est imparfait, ce que n'est pas Dieu." A quoi Genet répond : "S'il l'a créé, Dieu a créé le monde en mauvais état, ce qui revient au même. Et Dieu est cause de cet état du monde."

René de Ceccaty in hors-série du journal Le Monde d'avril-mai 2016 : Jean Genet. Un écrivain sous haute surveillance, lexique au mot "blasphème", p. 111.

NOTES JMS :

(1) Miracle de la rose, Folio/Gallimard, oct. 1977, 384 p.

(2) Notre-Dame-des-Fleurs, Folio/Gallimard, déc. 1976, 384 p.

(3) Bienheureux Jacques de Voragine (Italie, 1228-1298) : La Légende dorée, Points/Seuil, col. Sagesses, fév. 2014, 846 p. Préface de Jean-Pie Lapierre et traduction de Teodor de Wyzewa (Podolie, 1862 - France,1917). 

(4) Folio/Gallimard, 1995, 620 p.