"La lutte pour la démocratie et les droits de l'homme coule dans mes veines comme dans l'encre de mes livres. Comment pourrait-il en être autrement ? J'avais 5 ans quand mon père a été emprisonné, à cause de son militantisme anti-apartheid (1). Je suis alors restée sans voix, au sens propre. [...]. Imaginez ce que peut ressentir une petite fille qui vient d'apprendre à lire et qui part à la conquête du monde, avide de déchiffrer tout ce qu'elle peut autour d'elle. Les titres de livres de la maison, la liste des courses de sa maman, les enseignes des magasins... Et soudain, l'inscription suivante : "Ce banc est réservé aux Blancs". Puis, plus loin : "Cette plage est accessible à la race blanche seulement". Je venais d'acquérir une compétence censée m'ouvrir le monde, au lieu de quoi les mots me révélaient l'horreur du monde. Je n'oublierai jamais le choc que ce fut. [...]."
Deborah Levy (2)
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/antiapartheid ;
https://fr.wikipedia.org/wiki/Opposition_internationale_à_l'apartheid ; https://www.amnesty.fr/focus/apartheid
(2) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Deborah_Levy ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Deborah_Levy ;
https://www.babelio.com/auteur/Deborah-Levy/333311
SOURCE :
Entretien de l'écrivaine avec Télérama publié dans le n° 3826 du 10 Mai 2023, pp. 3-8. Propos recueillis par Marine Landrot.