« … fête à laquelle je m’invite seul, où je casse à n’en plus pouvoir le lien qui me lie aux autres. Je ne tolère aucune fidélité à ce lien. Personne n’aime qui ne soit tenu de rompre. (…). »
« Les hommes se méconnaissent dans le bien et s’aiment dans le mal. Le bien est l’hypocrisie. Le mal est l’amour. L’innocence est l’amour du péché. »
« Intéressé, le mal est un bien pour le malfaiteur. Le mal authentique est désintéressé. »
« En ce qu’elle a d’intime, de doux, de désintéressé, la société repose sur le mal : elle est comme la nuit, faite d’angoisse. »
Georges Bataille : Le petit, in Romans et récits, Bibliothèque de La Pléiade, NRF Gallimard, 2004, pp. 351-352.
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"C'est dans le vide de la pensée que naît le mal."
Hannah Arendt (1) : Eichmann à Jérusalem (1963) (2)
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : http://sos.philosophie.free.fr/arendt.php et https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt
(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Eichmann et https://fr.wikipedia.org/wiki/Eichmann_à_Jérusalem
SOURCE :
Les grandes expressions philosophiques, Hors-série Le Point, nov.-déc. 2017, p. 127.
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"CHOIX DE SOPHIE (Le) [Sophie's choice] (1). Roman de l'écrivain américain William Styron (2) [...], publié en 1979. Stingo, le narrateur du récit, est un jeune écrivain sudiste qui "monte" à New York pour écrire son oeuvre. Il loge dans une petite pension à Brooklyn (3), et c'est là qu'il se lie d'amitié avec un couple aux étreintes tumultueuses, Nathan et Sophie. Nathan est juif, elle est polonaise et chrétienne, survivante d'un camp de concentration. Tous deux s'aiment d'un amour passionné, violent, exclusif. Nathan est d'une jalousie féroce. C'est un jeune homme brillant, plein d'enthousiasme, mais il se drogue et, à cause de sa schizophrénie, a dû souvent être interné. Fasciné par l'énergie vitale et le brio de Nathan et subjugué par le charme de Sophie, Stingo ne les quitte plus."
"Le roman apparaît d'abord comme une autobiographie et son initiation à la vie new-yorkaise. Styron raconte, avec l'humour d'un Philippe Roth (4), l'engouement de notre jeune Sudiste pour la jeune et superbe Leslie Lapidus et ses désillusions. Sa seconde aventure, avec une jeune baptiste qui entend garder sa virginité pour la nuit nuptiale, ne fera qu'exacerber ses frustrations. Mais l'essentiel du roman porte sur sa relation avec Sophie, dont il devient vite le confident. Progressivement, Sophie lui révélera des pans entiers de son passé polonais. Son père, un universitaire qui avait écrit un ouvrage antisémite, n'a pas été épargné pour autant par les nazis. Elle-même partageait les idées de son père mais, à la suite d'un malheureux concours de circonstances, elle fut envoyée à Auschwitz. Et c'est là qu'elle fut contrainte par un officier sadique à faire le choix tragique : désigner lequel de ses deux enfants, sa fille ou son fils, irait à la mort. Elle désigne sa fille. Son fils lui est enlevé pour faire partie des "enfants d'Hitler". Son sort, dans le camp, est relativement privilégié puisqu'elle travaille pour la famille du chef de camp, qu'elle essaie de séduire pour qu'il lui rende son enfant. En vain. Elle sera libérée par les Russes."
"Les relations entre Sophie et Nathan, qui, sous l'effet d'amphétamines, devient fou furieux, se dégradent rapidement. Stingo, tombé amoureux de Sophie, lui propose de l'épouser et ils partent vers le Sud. Après une nuit passé avec lui, Sophie le quitte pour aller rejoindre Nathan. Telle l'héroïne de Roméo et Juliette (5), elle va mourir avec lui."
"Au-delà de cette belle et tragique histoire d'amour reste l'évocation de l'univers concentrationnaire. Styron avait effectué le voyage à Auschwitz ; "visite horrible au-delà de ce qu'on peut croire", devait-il déclarer plus tard. Styron dénonce la conception romantique du mal et reprend la thèse de Hannah Arendt (6) sur la banalité du mal (7). Ce qu'il découvre dans le système nazi, c'est la banalisation de la destruction de l'homme et le manque absolu de tout sentiment de culpabilité chez les bourreaux. C'est-à-dire le mal dans son opacité, dans son irréductibilité, le mal sans rédemption possible."
Claude Lévy, professeur à l'université Paris X-Nanterre (8).
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Choix_de_Sophie et https://www.babelio.com/livres/Styron-Le-Choix-de-Sophie/9014
(2) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/William_Styron, https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Styron, https://www.babelio.com/auteur/William-Styron/5930 et https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2006/11/02/william-styron-l-auteur-du-choix-de-sophie-est-mort_829941_3382.html
(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Brooklyn
(4) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philip_Roth, https://www.babelio.com/auteur/Philip-Roth/3590, https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/05/23/philip-roth-en-cinq-livres-incontournables_5303368_3246.html, https://www.franceculture.fr/personne/philip-roth et https://www.franceculture.fr/litterature/philip-roth-en-trois-oeuvres-incontournables
(5) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Roméo_et_Juliette et https://www.histoire-amour.com/romeo-juliette.html
(6) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt, https://www.babelio.com/auteur/Hannah-Arendt/2263 et https://www.franceculture.fr/personne/hannah-arendt
(7) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Banalité_du_mal et https://www.cairn.info/revue-cites-2008-4-page-17.htm et https://www.franceculture.fr/oeuvre/le-pervertissement-totalitaire-la-banalite-du-mal-selon-hannah-arendt
(8) Cf. not. : https://data.bnf.fr/fr/12186967/claude_levy
SOURCE :
Le Nouveau Dictionnaire des oeuvres de tous les temps et de tous les pays, V. Bompiani et Ed. Robert Laffont S.A., 1994, vol. I, pp. 1113-1114.
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"Inspiré de légendes polynésiennes [...] ce film [est une] grande épopée (1) à l'eau salée et à la fleur de tiaré (2) : Vaiana (3), gamine intrépide, s'allie à un demi-dieu, Maui (emprunté au "vrai" folklore local) (4), dans une quête mythologique pleine de chansons exaltées, de rebondissements, de maléfice et de petits animaux rigolos. [...]. Et la conclusion de l'aventure, poétique et apaisante, délivre un message plus proche de l'esprit de Kirikou et la Sorcière (5) que de Cendrillon (6) : le mal, nous montre-t-on, n'est qu'un effet de la souffrance. [...]."
Cécile Mury : encadré Télérama consacré au film d'animation de John Musker (7) et Ron Clements (8) : Vaiana, la légende du bout du monde (Moana, USA, 2016, 2h00mn) (9).
NOTES JMS :
(1) Cf. not. : https://www.cnrtl.fr/definition/épopée ; https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/epopee ; https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89popée et https://www.espacefrancais.com/lepopee
(2) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tiaré_tahiti ; https://www.boutique-monoi-tahiti.com/tout-sur-la-fleur-de-tiare---blog-13-17.html ; https://www.gerbeaud.com/jardin/decouverte/tiare-fleur-tahiti,1745.html et https://tahitiheritage.pf/tiare-tahiti
(3) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vaiana_:_La_Légende_du_bout_du_monde et https://www.filmspourenfants.net/vaiana-la-legende-du-bout-du-monde
(4) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maui_(mythologie)
(5) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kirikou_et_la_Sorcière et https://www.babelio.com/livres/Ocelot-Kirikou-et-la-Sorciere/125298
(6) Cf. not. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cendrillon et https://fr.wikipedia.org/wiki/Cendrillon_(film,_1950)
(7) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/John_Musker et https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Musker
(8) Cf. not. : https://en.wikipedia.org/wiki/Ron_Clements et https://fr.wikipedia.org/wiki/Ron_Clements
(9) Voir note 3.